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ne pourraient brûler que si on les chauffait. Grâce à la présence du fer, elles vont pouvoir brûler sans qu’on les chauffe : elles subiront la combustion lente. Et comme le fer n’abandonne rien de sa substance dans l’opération, et que, simple intermédiaire, il ne fait que puiser l’oxygène dans l’inépuisable atmosphère pour l’offrir à la substance organique, on conçoit qu’il n’ait pas besoin d’être abondant pour remplir son office, à la condition de disposer d’un délai suffisant. Mais cette action, qui ressemble tant à celle des fermons solubles, s’en distingue par cette avantageuse particularité, qu’elle n’offre pas de mystère, et que le mécanisme intime en est parfaitement connu.

Quelques éclaircissemens sont ici nécessaires. Le fer se combine facilement à l’oxygène, trop facilement pourrait-on dire, si l’on n’avait en vue que les usages auxquels nous l’appliquons. Il forme des oxydes. C’est à l’état de fer oxydé qu’il existe dans la nature ; et la métallurgie du fer ne tend pas à autre chose qu’à revivifier ce fer brûlé, qu’à le dépouiller de son oxygène pour en tirer le métal. De ces oxydes nous n’en avons que deux à considérer, qui répondent à deux degrés d’oxygénation. Au moindre degré, c’est l’oxyde ferreux, le protoxyde de fer : si la quantité d’oxygène augmente, c’est l’oxyde ferrique, le sesquioxyde de fer, encore appelé peroxyde, dont la rouille est une variété bien connue. De ces deux oxydes, le premier, l’oxyde ferreux, est une base énergique qui s’unit fortement aux acides, même les plus faibles, comme l’acide carbonique par exemple, — pour former des sels, sels ferreux ou protosels. — L’oxyde ferrique au contraire est une base faible qui s’unit lâchement aux acides même énergiques pour former des sels ferriques (persels, sels au maximum) et pas du tout aux acides faibles comme l’acide carbonique qui existe dans l’atmosphère, ou comme l’acidalbumine, l’acide nucléinique, etc., qui existent dans les tissus des êtres vivans.

Ce sont ces derniers composés ferriques suroxygénés qui fournissent aux matières organiques l’oxygène qui les brûle lentement ; ils redescendent eux-mêmes, par suite de cette opération, à l’état ferreux.

Les faits de ce genre sont trop universels pour n’avoir pas été observés très anciennement, mais ils n’ont été bien compris que vers le milieu de ce siècle. Les chimistes du temps, Liebig, Dumas, surtout Schœnbein, Wœhler, Stenhouse et bien d’autres constatèrent que l’oxyde ferrique exerçait, à la température ordinaire,