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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 145.djvu/682

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une action comburante rapide sur un grand nombre de substances : l’herbe, la sciure de bois, la tourbe, le charbon, l’humus, la terre arable, les matières animales. L’exemple le plus vulgaire est celui de la destruction du linge par les taches de rouille : la substance de la fibre végétale est lentement brûlée par l’oxygène que lui cède l’oxyde. Vers la même époque, Claude Bernard se posa la question de savoir si les choses se passaient au sein des tissus, au contact de la matière vivante, de la même manière que nous venons de voir pour les matières mortes, débris d’organismes, « rentrés depuis longtemps sous l’empire des lois physiques ». La réponse fut affirmative. Claude Bernard injectait dans la veine jugulaire d’un animal un sel ferrique, et il constatait ce premier fait que nous allons retrouver tout à l’heure, à savoir que l’organisme n’utilisait pas le produit, précieux pourtant au regard de la médecine, — qui lui était offert, — et en second lieu, qu’il le rejetait à l’état de sel ferreux après l’avoir dépouillé d’une partie de son oxygène.

Cette combustion lente de matière organique vivante ou morte, réalisée à froid par le fer ne représente qu’un des aspects de son rôle biologique. Pour que le tableau soit complet, il y faut une contre-partie. On aperçoit bien facilement que ce phénomène n’aurait ni portée ni conséquence, s’il se bornait à cette première action. Une fois épuisée la petite provision d’oxygène du sel de fer, et celui-ci redescendu au minimum d’oxydation, la source d’oxygène étant tarie, la combustion de la matière organique s’arrêterait. C’est une oxydation insignifiante qui aurait été réalisée, tandis que dans la réalité des choses c’est une oxydation indéfinie, sans limites, qui doit s’opérer et qui s’opère réellement.

Le phénomène présente une contre-partie en effet. Le sel de fer qui est descendu au minimum d’oxydation, et devenu sel ferreux, ne peut pas rester à cet état en présence de l’oxygène de l’air ou des autres sources de ce gaz qui peuvent s’offrir à lui. Il tend à remonter par une marche inverse à sa condition antérieure de persel. On a su de tout temps que les composés ferreux absorbaient l’oxygène de l’air pour passer à l’état ferrique ; nous pourrions dire qu’on l’a vu, car cette transformation s’accompagne d’un changement de couleur caractéristique, du passage de la teinte vert pâle, qui est l’attribut des composés ferreux, à la nuance ocreuse ou rouge des composés ferriques.

On peut concevoir maintenant ce qui arrivera si le composé