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ferrugineux est mis alternativement en présence de la matière organique et de l’oxygène. Dans la première phase, le fer cédera l’oxygène à la matière organique ; dans la seconde, il reprendra à l’atmosphère le comburant qu’il a cédé et se retrouvera à son point de départ. La même série d’opérations pourra recommencer une seconde fois, une troisième fois, indéfiniment. Elle se répétera aussi longtemps que se reproduiront ces alternatives de la mise en présence de la matière organique et de l’oxygène atmosphérique, c’est-à-dire, en définitive du producteur et du consommateur, entre lesquels le fer lui-même ne remplira d’autre rôle que celui d’un honnête courtier.

Il n’est pas nécessaire de recourir à ces alternatives que nous avons simplement imaginées pour rendre plus facile l’analyse du phénomène. Le résultat sera le même, si les deux contractans,. l’oxygène de l’air et la matière organique, restent continuellement en présence l’un de l’autre, le jeu de bascule s’établira tout aussi bien, et la combustion de la matière organique se continuera indéfiniment jusqu’à épuisement ; le sel de fer remplira sans arrêt son rôle de pur intermédiaire.

Ces longues explications étaient nécessaires. Le mystère dont on leur demande de fournir la clé en vaut la peine. Il s’agit du phénomène de la combustion lente, de la combustion à froid, dont on admet l’existence depuis Lavoisier sans en connaîtra encore le mécanisme.

L’illustre savant fit accepter l’idée que la chaleur animale et les énergies que le fonctionnement vital met en jeu tiraient leur origine des réactions chimiques de l’organisme, et que, d’autre part, les réactions productrices de chaleur, ou exothermiques comme l’on dit aujourd’hui, consistaient en de simples combustions, des combustions lentes, ne différant que par l’éclat de celle qui s’accomplit, suivant une comparaison célèbre, « dans la lampe qui brûle et se consume. » Le développement de la chimie a montré que c’était là une imago trop simplifiée de la réalité des choses, et que la plupart de ces phénomènes, s’ils équivalent, en fin de compte, à une combustion, en diffèrent profondément par le mécanisme et le mode d’exécution.

Ce n’est pas à dire que tous soient dans ce cas, et qu’il n’existe pas dans l’organisme un grand nombre de ces combustions lentes, comme Lavoisier les entendait, et comme les combustions réalisées par l’intermédiaire du fer viennent de nous en fournir le type.