méridionale et qui les rend rebelles au principe d’association ; il demande la création de communautés agricoles, qui formeraient des personnalités juridiques investies de la propriété de certaines terres et appelées à les cultiver ; et rien n’est plus frappant que de voir cet homme politique, adversaire du socialisme, prôner une façon de propriété collective qui sauvegarde le droit individuel de l’être humain à l’existence.
En 1862, lorsqu’une grande partie de l’opinion européenne observait avec une curiosité sympathique l’artificieuse épopée garibaldienne, un publiciste français écrivait : « Cette monarchie constitutionnelle dont Victor-Emmanuel est le principal bénéficiaire, qu’est-elle autre chose que l’unité gouvernementale au profit de la classe qui porte l’habit contre celle qui porte la blouse ? Mazzini a assisté à la curée ; qu’ont attrapé ses amis, les hommes du peuple ? En Italie, il existe une masse de propriétés ecclésiastiques dont le bourgeois demande à grands cris la vente. Combien reviendra-t-il, de cette terre sacrée, au prolétaire sans pécule, au paysan qui se croirait voué à l’enfer, s’il prenait, en le payant, sa part du patrimoine des pauvres ?… » Vous recueillez, dans ces lignes, les prévisions d’un de ces penseurs, assez nombreux au milieu de notre siècle, que l’on réputa révolutionnaires, parce qu’ils osèrent être, dans les écoles démocratiques, les premiers critiques de l’œuvre de la Révolution : elles sont empruntées à la brochure : La fédération et l’unité en Italie, de P.-J. Proudhon. Et dans le dernier écrit sorti de sa plume : Nouvelles observations sur l’unité italienne, il ajoutait : « Unité donc, centralisation, gros traitemens, sinécures, monopoles, privilèges, concessions, affaires grandes et lucratives, dégagées de tout aléa par l’intervention des hommes du pouvoir : ce sont là choses qui se tiennent… Pour la camarilla gouvernement aie, les gens se divisent en deux groupes : l’un, le plus petit, composé de capitalistes-entrepreneurs-propriétaires, s’appuyant pour son exploitation sur une forte centralisation politique ; l’autre, groupe innombrable, plus spécialement indigène, mais sans capital ni propriété, formé de toute la masse des salariés du pays, d’autant plus sûrement exclus des bénéfices de la richesse publique qu’on les tient par leur infatuation unitaire, et que leur déchéance a été, pour ainsi dire, décrétée par le suffrage universel même… »
Confrontez avec ces rêveries de tribun, non point même les amplifications de rhétorique que multiplie en Italie l’école