lui sont communs qu’avec les Hellènes nous conservent le souvenir de cette période, probablement assez longue, où les deux peuples sont restés réunis, après le départ de leurs frères. Ceux enfin qui n’appartiennent qu’au latin sont de l’époque la plus récente, où les Italiotes ont vécu seuls et se sont développés d’eux-mêmes. Dès lors tout s’éclaire dans leur passé. Les ressemblances surprenantes qu’on remarque entre eux et les Hellènes sont la conséquence naturelle du long séjour qu’ils ont fait ensemble : pouvaient-ils n’avoir pas entre eux plus de liens communs qu’avec les autres, étant les derniers de la famille qui se soient séparés ? Les différences non plus ne sont pas difficiles à comprendre. Les deux races ont beaucoup changé avec le pays même où elles se sont établies et la vie que chacune d’elles a menée. Leur caractère s’est façonné sur leurs destinées ; elles ont perdu certaines qualités, dont elles n’avaient pas à faire usage ; elles en ont gagné d’autres que leur imposaient les nécessités de l’existence. A la longue, leurs institutions, leurs habitudes, leurs idées, et par suite leurs langues même se sont modifiées ; et c’est ainsi qu’on s’explique aisément qu’elles se ressemblent et qu’elles diffèrent.
Toutes ces vérités, on commençait à peine à les soupçonner quand Michelet publia son ouvrage. A. la façon dont il semble lui-même par momens les entrevoir et dont il les salue d’avance, on ne peut douter qu’il les eût bien accueillies s’il les avait mieux connues. Soyons sûrs que, quelques années plus tard, il aurait compris et composé autrement qu’il ne l’a fait les premiers chapitres de son histoire.
Les chapitres qui suivent ne nous arrêteront guère. Une fois que les Romains sont engagés dans la conquête du monde, Michelet les suit au pas de course. Sans rien omettre d’essentiel, il s’en tient ordinairement à un récit rapide.
C’est un résumé qu’il a voulu faire ; il ne peint qu’à grands traits. Quand, par exemple, il s’agit de la lutte de Rome avec les Sammites, il se garde bien de nous raconter par le menu les marches et les contremarches de Papirius Cursor ou de Fabius Maximus. Quelques souvenirs, que lui fournit sa riche mémoire, quelques coups de pinceau lui suffisent pour nous mettre devant les yeux ce que nous devons savoir : « Alors s’ouvre cette terrible