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Trade-Unions. Le siège de Sheffield était occupé par un des hommes les plus distingués du parti whig, M. Roebuck, qui s’était rendu impopulaire par ses attaques contre M. Gladstone, par ses sympathies hautement avouées pour les confédérés du Sud et surtout par son attitude agressive vis-à-vis des Unions dont les excès l’indignaient. Les comités électoraux hésitèrent d’abord, à cause du talent de M. Roebuck et des services qu’il avait rendus, mais les ouvriers qui, pour la première fois, allaient prendre part au scrutin en vertu de la réforme électorale manifestèrent si énergiquement leur volonté qu’il fallut leur céder. Mundella accepta la candidature et, dès les premières réunions, abandonnant le terrain politique pour développer le programme des revendications ouvrières, il excita dans les masses un enthousiasme indescriptible. Le 27 novembre, il fut élu par 12 253 voix contre 9 571 restées fidèles à M. Roebuck. Il fut jusqu’à sa mort représentant de Sheffield et réélu chaque fois à de fortes majorités.

Son entrée au Parlement modifia profondément sa vie ; il se consacra tout entier à ses nouvelles fonctions et ne tarda pas à se retirer des affaires, disant avec une grande simplicité « que sa famille ne se composant que de sa femme et de ses deux filles dont l’une lui servait de secrétaire, il ne se sentait pas l’obligation de travailler pour amasser une grosse fortune. »

M. Gladstone connaissait la valeur de Mundella et tenait à l’attacher à sa politique : il se fit seconder par lui lors de la discussion de l’adresse à l’ouverture de la session de 1869. Les débuts du député de Sheffield furent très remarqués ; sans être un grand orateur, il avait un réel talent de parole, une merveilleuse clarté d’exposition, et ses discours étaient toujours remplis de faits et d’aperçus nouveaux. Dans une des premières discussions auxquelles il prit part, il s’engagea à ne jamais intervenir que lorsqu’il aurait à apporter au débat des argumens contrôlés par son expérience personnelle. Il tint scrupuleusement parole et acquit ainsi une autorité incontestable sur la Chambre des communes, dont il devint un des orateurs les plus écoutés.

Mundella avait été nommé comme radical et sa profession de foi était très accentuée. Il demandait la suppression du cens comme base de l’électorat, un système d’éducation nationale fondé sur la neutralité de l’école et comprenant l’enseignement professionnel. le disestablishment de l’Eglise officielle d’Irlande, l’abolition des taxes ecclésiastiques, l’admission des dissidens dans les