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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/161

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Ses excuses ont été agréées du fond du cœur, car la jeune fille est obligée de lutter contre ses sentimens secrets pour repousser la tentation d’aimer le bel étranger. Mais elle se représente à elle-même qu’il est un homme riche, responsable des souffrances de centaines d’ouvriers ses frères. Elle a, de plus, un grief contre la famille de Freeman. Le fils aîné de Streng, nommé Max, a jadis été tué dans l’usine à la suite d’un accident causé par l’absence des précautions de sûreté indispensables autour des machines. Et la famille du chimiste rend Freeman le père responsable de ce deuil.

Streng rentre à ce moment avec une bonne nouvelle. Wilson lui a annoncé que la fabrique serait fermée le lendemain sur l’ordre du nouveau propriétaire. Non seulement celui-ci veut que ses ouvriers soient libres de fêter individuellement le 1er mai, mais il ne permettrait pas que certaines abstentions, arrachées par la crainte d’un renvoi, vinssent troubler la concorde qui doit régner entre les travailleurs. Tout le monde est dans la joie. Il n’y a plus à craindre les défaillances de quelques camarades intimidés. Le chef des orphéonistes de l’usine, qui avait préparé un chant satirique contre les « Cœurs faibles », devra renoncer à le faire publiquement exécuter cette fois.

Demeurée seule avec son père, Flora se décide à lui confesser son aventure du matin, assurant d’ailleurs qu’il n’y avait rien de blessant dans l’attitude d’Harold Freeman. Streng se promet toutefois à part lui de s’en expliquer le lendemain avec le nouveau patron. L’acte se termine par un chœur d’ouvriers qui viennent célébrer le jour de naissance de Flora. On profite de cette occasion pour chanter en famille le lied contre les cœurs faibles, qui n’a plus, pour l’instant, qu’un intérêt purement musical.


Au début du second acte, le directeur Schinder doit subir l’insolence railleuse du domestique d’Harold Freeman auquel il vient rendre compte de sa gestion, et il en conclut avec philosophie qu’il n’est pas en faveur auprès du nouveau maître, puisque la valetaille se permet de le narguer.

Freeman est en conférence avec son ami Wilson. Ce dernier, sur le désir d’Harold, a fait une enquête au sujet de l’accident qui a coûté autrefois la vie au jeune Max Streng. Il s’est convaincu que le malheur avait été causé par l’insuffisance des