l’État et les institutions modernes ; … considérant que c’est précisément dans ce cas que, par son propre fait, s’est mis le Comité diocésain, soit par des circulaires adressées aux associations et aux citoyens catholiques, ouvertement encouragés à des idées antinationales, soit par son attitude inspirée toujours par des sentimens hostiles aux institutions, et qu’ainsi le Comité diocésain est devenu un péril pour la tranquillité publique, et destructeur du sentiment national, etc., etc. » On le voit, le général Bava-Beccaris n’y va pas de main morte. Le Saint-Père devait naturellement s’émouvoir de pareils actes et d’un pareil langage ; mais le général Bava-Beccaris est approuvé et encouragé par une partie considérable de l’opinion ; et ces divergences de vues dans un même pays, avec le caractère d’irritation réciproque qu’elles affectent, constituent pour la tranquillité publique un danger aussi grave que ceux dont s’émeuvent les autorités militaires. Quelle conclusion faut-il tirer de cet état de choses, que nous nous sommes contentés jusqu’ici de relater ? C’est que M. di Rudini n’ose présenter des projets de loi, ni dans le sens de M. Visconti-Venosta, ni dans celui de M. Zanardelli ; et voilà pourquoi il s’est séparé de l’un et de l’autre. Mais, en fait, il suit à la fois leurs deux politiques, qui ne sont contradictoires qu’en apparence ; il frappe de deux côtés à la fois, sur les révolutionnaires, ou simplement sur les libéraux, et sur les cléricaux ; et il se couvre pour cela des facilités que donne l’état de siège. Telle est la vérité.
On comprend qu’il n’ait pas trouvé aisément des collègues pour s’associer à une œuvre mal définie dans ses principes et incertaine dans ses conséquences. La seule garantie qu’il pouvait leur offrir, — et nous en reconnaissons la valeur, — est son propre caractère, qui est modéré et sensé. Cependant, la crise n’a pas été longue ; elle n’a duré que très peu de jours ; le ministère n’a pas tardé à être reconstitué ; mais, à considérer sa composition, on voit mieux ce qu’il a perdu que ce qu’il a gagné. MM. Visconti-Venosta et Zanardelli étaient des forces malheureusement contraires, mais enfin des forces, l’un et l’autre. Ils représentaient des groupes politiques opposés, mais importans. Chacun d’eux avait un parti derrière lui. On ne peut pas en dire tout à fait autant de ceux qui les ont remplacés, hommes honorables sans doute, dignes individuellement de considération et d’estime, mais qui, même réunis, n’apportent pas un prestige bien brillant à la combinaison nouvelle. Ce n’est pas tout à fait la faute de M. di Rudini, car il a sollicité d’autres concours, mais il ne les a pas obtenus. Il a recherché, dit-on, celui de M. Sonnino. M. Sonnino est un ancien collè-