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LE CONGO FRANÇAIS
ET L’ÉTAT INDÉPENDANT[1]

Dans un important rapport sur les entreprises de colonisation, rapport qui sera soumis prochainement à l’approbation du Parlement, M. Pauliat, sénateur du Cher, a été amené à faire une étude complète du problème colonial en France. C’est une œuvre solide et positive, pleine de ce bon sens et de cet esprit pratique, si rares chez nos législateurs, et qui restera, quel que soit le sort réservé au projet de loi dont il est le préambule. Passé glorieux, présent stérile, avenir compromis, telle est l’impression qui se dégage de cette consciencieuse enquête. La Monarchie avait doté la France d’un puissant empire d’outre-mer ; mais elle dut l’abandonner, morceaux par morceaux, à la fin du siècle dernier, pour solder les fautes de sa politique européenne. Sur la Révolution pèse une autre responsabilité ; c’est à ses lois et à ses doctrines qu’il faut attribuer l’atonie complète des facultés colonisatrices qui nous avaient fait essaimer autrefois dans le monde entier.

Parmi les causes de notre inertie coloniale qui sont imputables à la Révolution, M. Pauliat signale très justement nos lois successorales supprimant la faculté de tester, le libre accès aux carrières industrielles et libérales, le fonctionnarisme et l’enseignement secondaire. Fort heureusement ces causes, qui ont eu jusqu’à ce

  1. Le titre réel, donné par la Conférence de Berlin au royaume africain de S. M. Léopold II, est celui de : État Indépendant du Congo ; mais l’appellation abrégée de État Indépendant a fini par avoir cours, de même que nous disons le plus souvent : États-Unis, au lieu de États-Unis d’Amérique. La dénomination de Congo belge employée quelquefois est à éviter, puisque la Belgique ne s’est pas encore prononcée sur la question de l’annexion de l’État Indépendant.