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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/193

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au nombre de trois, l’hiver n’étant pas, à l’origine, considéré comme une saison ; c’est ainsi qu’elles sont représentées au musée du Louvre dans un bas-relief antique tiré de l’autel des Douze Dieux. Dans l’Odyssée, ce sont de gracieuses personnifications, sœurs des Nymphes et des Charités ; elles envoient du haut du ciel la rosée, la pluie, l’humidité bienfaisante. En même temps qu’elles présidaient à la succession régulière des temps, elles arrivèrent à symboliser, dans l’ordre moral, les idées de régularité et de justice : Eunomia représentait le bon ordre, Dicé la justice, Iréné la paix et l’union. Plus tard, elles devinrent les véritables Heures, lentes divinités, chargées d’ouvrir au soleil et de fermer les portes de l’Olympe.

La division du nyctémère en vingt-quatre heures a passé des Babyloniens aux Grecs, selon le témoignage d’Hérodote. Dans la réalité, chaque section du nyctémère, jour et nuit, avait sa division particulière. Le jour était fractionné en douze parties égales ; et de même pour la nuit. Mais les heures diurnes différaient en durée des heures nocturnes. L’été, la période du jour étant plus longue que la nuit, les heures diurnes étaient aussi les plus longues ; c’était l’inverse pendant l’hiver. Ainsi, la durée de l’heure n’avait aucune fixité. Elle variait du jour à la nuit ; elle variait encore d’un jour à l’autre, et, à cause de la différence des latitudes, d’un lieu à l’autre ; elle n’offrait donc pas le caractère d’un étalon de mesure. Ces heures, indéfiniment variables, étaient appelées temporaires. L’usage s’en est longtemps perpétué. Il n’arrivait que deux fois par an qu’elles eussent la même durée ; c’était aux équinoxes, alors que les jours sont égaux aux nuits. Ces heures, toutes égales, dont la valeur était uniformément la vingt-quatrième partie du nyctémère, étaient appelées les heures équinoxiales. L’heure équinoxiale constituait cette fois une véritable unité de mesure, sans doute utilisée pour les usages astronomiques, mais étrangère aux usages de la vie civile, où l’on continua de compter par heures temporaires, c’est-à-dire inégales. L’art alexandrin donna à ces heures du jour de nouvelles figures allégoriques et en fit les compagnes des Saisons. Le poète Ovide les représente comme « les suivantes d’Eos, placées à intervalles égaux, sur le trône du Soleil. »

Quant aux raisons qui avaient déterminé les Babyloniens et après eux les Grecs et les autres peuples à diviser le jour et la nuit chacun en douze parties et leur ensemble par conséquent en