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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/222

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que « sa critique lui a valu un ennemi de plus… » Je n’ai contre lui nulle rancune. Pas un instant je n’ai supposé que M. Lemaître ait voulu, comme l’ont insinué quelques médisans, se consoler sur l’œuvre d’un jeune, de l’échec de la Bonne Hélène et de l’Aînée devant le comité de la Comédie-Française.

Je m’empresse de reconnaître que, prise dans son ensemble, la presse théâtrale fut loin de faire preuve envers Frédégonde d’une mansuétude évangélique ; mais dans le tolle presque général qu’elle souleva, il y eut quelques généreuses dissidences.

Certain journal eut même l’idée de dresser de ces appréciations « contrastées » un tableau assez amusant que je me permets de reproduire ici.

D’ABORD LA PIECE :
Pièce médiocre. — Faguet.
Un seul acte compte. — Sarcey.
Rien de plus suranné et de plus oiseux. — Bauër.
Pièce bien composée. — P. Perret.
Beau spectacle. — R. Vallier.

Œuvre remarquable. — H. Segond.

L’exposition en est très confuse. — Sarcey.
L’exposition en est claire, trop claire même. — Nouvelle Revue Européenne.
L’AUTEUR.
Frédégonde n’est pas l’œuvre d’un auteur dramatique. — Duquesnel.
Frédégonde est évidemment l’œuvre d’un homme de théâtre. — Sarcey… qui peut devenir un très grand homme de théâtre. — Faguet.
LA LANGUE.
La langue est incorrecte. — Boisrouvray.
La langue est solide. — Faguet.
Les rimes sont maigres et indigentes à faire peur. — Duquesnel.
Les vers sont de correction classique, sonores, réguliers, aggravés de rimes riches. — Bauër.
Pas un beau vers. — L’Éclair. :

De beaux vers, beaucoup de beaux vers. — H. Segond.

Pauvre versification ! — Sarcey.
Vers splendides ! — L’Autorité.