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L’invite. Elle s’élance, entre-croise ses pas,
Et du lent mouvement imprimé par ses bras,
Donne un rythme bizarre à l’étoffe nombreuse,
Qui s’amplifie, ondule, et se gonfle et se creuse
Et se déploie enfin en un grand tourbillon.
Et Pannyre devient fleur, flamme, papillon !
Les yeux émerveillés la suivent en extase,
Par degrés la fureur de la danse l’embrase.
Elle tourne toujours, vite, plus vite encor !
La flamme éperdument vacille aux flambeaux d’or !...
Puis, brusque, elle s’arrête au milieu de la salle ;
Et le voile qui tourne autour d’elle en spirale,
Suspendu dans sa course, apaise ses longs plis
Et se collant aux seins aigus, aux flancs polis.
Comme au travers d’une eau soyeuse et continue.
Dans un divin éclair, montre Pannyre nue !


IX

LES CONSTELLATIONS



Clydie au crépuscule assise dans les fleurs
Regarde gravement de ses beaux yeux rêveurs
Les constellations, claires géométries,
Au velours bleu du soir fixer leurs pierreries,
Hermase les indique et, le doigt vers les cieux.
Les nomme par leurs noms doux et mystérieux :
Pégase, le Dragon, Cassiopée insigne,
Andromède, la Lyre, et la Vierge et le Cygne,
Arcture et la Grande Ourse au char éblouissant...
La majesté des dieux avec l’ombre descend.
Donnant une âme auguste aux choses familières.
Sur le bord opposé du golfe, des lumières
Brillent ; par instans glisse et s’éloigne un bateau.
Le bruit des rames va s’affaiblissant sur l’eau...
Et les amans dont l’âme au firmament s’abîme.
Enivrés par la nuit transparente et sublime.
Parfois ferment les yeux, et soudain, ô douceur.
Retrouvent tout le ciel étoile dans leur cœur.