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et les quais, dans le port, sont encombrés d’agrès, de provisions, de poissons que l’on débarque.

En 1877, la commission des pêcheries fit ici acquisition d’un local où elle installa un bureau. Ce bureau servait à recueillir les renseignemens auprès des pécheurs : il servait aussi à conserver les échantillons que ceux-ci voulaient bien abandonner. Dès l’année suivante, une station de pisciculture fut ajoutée au bureau. Elle était fort rudimentaire : quelques réservoirs et appareils à éclosion, et voilà tout. Une longue conduite amenait l’eau de mer, car les œufs en voie de développement ont besoin d’eau constamment renouvelée pour subvenir à leurs besoins respiratoires qui sont considérables. C’est très vivant, un œuf : on pourrait presque dire que cela vit double. Mais les œufs, d’où venaient-ils ?

C’étaient les pêcheurs de Gloucester qui les fournissaient. Les poissons qu’ils venaient de pêcher n’étaient pas tous morts, quand les barques accostaient : de suite on leur achetait quelques mâles et quelques femelles : les œufs et la laitance étaient extraits par le procédé ordinaire, une légère compression des parois ventrales ; on mélangeait le tout dans des récipiens préparés, sans addition d’eau, par la méthode de Vrassky ; l’œuvre de la fécondation s’opérait, et les œufs étaient alors placés dans les appareils à éclosion. Souvent aussi un employé accompagnait telle ou telle barque, et, à mesure que le poisson était détaché des filets ou des lignes, il prélevait l’impôt, soulageait la bête de son fardeau, et quand il revenait à terre, ramenait de pleins baquets d’œufs fécondés. Ou encore, on achetait les morues vivantes, quand le vapeur de la station ne les allait pas quérir lui-même, et on les gardait en vivier jusqu’à la maturité, époque où l’on pratiquait les opérations qui viennent d’être décrites.

Les appareils à éclosion donnèrent quelque souci : on ne trouva pas d’emblée celui qui convenait le mieux. Au début, on employa les cônes qui servent à la pisciculture de l’alose. Mais il fut bientôt prouvé qu’ils ne valent rien pour la morue. Les œufs de la morue flottent à la surface, au lieu de rester au fond comme ceux de l’alose : de là nombre de déboires et d’accidens. Deux ou trois autres appareils furent improvisés tour à tour, sans donner de meilleurs résultats. Enfin le capitaine Chester en construisit un qui convint.

Cet appareil est bien connu maintenant : c’est un seau, contenant