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SOTILEZA. 517 Et père Apollinaire lui racontait ce qui était arrivé, le récon- fortant de bonnes espérances pour un autre jour. Gleto finit pourtant par se lasser d’attendre et résolut d’agir par lui-même, s’il en trouvait la force et si les mots lui venaient. En se rendant au rez-de-chaussée avec cette intention, il se rencontra, au débouché de la rue Haute, avec son camarade Colo, un garçon de bons sentimens et de parfaite conduite, (^olo l’avait entretenu bien des fois du récit de ses amours avec Pachuca, la plus jeune des trois filles de son voisin Ghumbao, patron de la barque où il allait. Si la première levée ne le prenait pas, ils se marieraient dès qu’il aurait tiré au sort. Tout était déjà réglé. Gleto avait entendu bien souvent ces alléluia, et cela lui faisait venir l’eau à la bouche. Qui mieux que cet ami, si expérimenté en ces matières, pourrait l’écouter affectueusement ft l’aider d’un bon conseil? Il laborda donc tout heureux; mais il le prit de si loin, afin d’exprimer toute la gravité de son mal, que l’autre, pensant qu’il lui parlait de choses déjà vieilles et connues, l’in- terrompit au milieu de son récit pour lui demander avec l’accent du plus vif intérêt : — Tu sais ce qui se passe, Gleto? — Ce qui se passe? demanda celui-ci à son tour, tremblant que ce qui se passait n’eût quelque rapport avec ce qu’il était en train de raconter à son ami. — Il se passe, dit Colo, que ceux d’En-Bas vont nous provo- quer à des régates pour le jour des Martyrs. — Eh! qu’ils nous provoquent, bon sang! s’écria Gleto en frappant avec colère le sol du pied. Je pensais que c’était autre chose!... Nous parlerons de ça plus tard, garçon. Laisse-moi d’abord finir mon récit. (^olo n’y consentit pas, parce qu’il était très pressé, à ce qu’il affirma à son auii. — Je viens, lui dit-il, de la Zanguina, où on traitait la ques- tion. Pour eux, c’est déjà fait, si nous ne virons pas de bord. L’enjeu sera une once d’or au compte des Chapitres. 11 paraît que l’Ayuntamiento donne une bonne subvention pour un màt de cocagne bien savonné... et tout ça réuni va faire une espèce de fête pour distraire les étrangers (|iii viennent chez nous et aussi les gens d’ici. A mon avis, ils veulent prendre leur revanche de la course qu’ils ont perdue voilà deux ans, le jour de la Saint-Pierre. On verra s’ils la prendront! Je pense qu’au jour dit, on pouira