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Tous ces motifs réunis ont contribué à faire apprécier l’externat et rien n’indique une modification prochaine du sentiment général à l’endroit de cette institution.

iii

Il y aurait peut-être quelque imprudence à vouloir conclure. Ces notes ne constituent pas une enquête scientifique ; ce sont les impressions rapides d’un voyageur habitué à chercher toujours dans l’éducation le secret de la force nationale. « Dis-moi comment tu élèves tes fils et je te dirai ce que tu vaux, » est une formule dont il est bon de faire, dans le monde moderne, un usage fréquent. Mais, à défaut de conclusions posées avec une certitude qui ne serait pas de circonstance, on me permettra de présenter un résumé de mes impressions, de celles surtout qui répondent à quelques-unes des préoccupations actuelles de l’opinion française.

Après avoir fait de nombreux sacrifices pour ses écoles primaires, la France s’étonne et s’inquiète de ne pas voir le niveau de l’instruction s’élever davantage dans les rangs populaires. Elle se sent forcée de faire appel aux municipalités, aux associations particulières, aux bonnes volontés individuelles pour créer des cours d’adultes et empêcher que le fragile échafaudage des connaissances acquises à l’école ne s’écroule tout entier. Ses lycées ne lui donnent pas non plus de grandes satisfactions. Elle constate qu’il en sort des hommes peu faits pour la vie libre, moins encore pour les carrières d’initiative et de responsabilité : elle se demande si l’internat n’est pas responsable de cet état de choses ou si même des programmes d’études, rajeunis et modernisés, suffiraient à y remédier. Enfin, quelque désillusion lui est venue de ses étudians, dont elle avait récemment comblé les vœux en les rétablissant dans leurs privilèges d’antan et en qui elle avait cru pouvoir dès lors placer sa confiance. L’expérience des Hollandais nous ouvre, sur chacune de ces questions, des aperçus intéressans.

Si leur école élémentaire n’encourt aucun des reproches que mérite notre école primaire, c’est, d’une part, que les influences politiques n’y pénètrent pas (l’étrange réglementation qui, chez nous, réserve aux préfets la nomination des instituteurs fait de ceux-ci, qu’ils le veuillent ou non, des représentans des partis