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La Conférence s’est aussitôt partagée en trois commissions, correspondant aux trois ordres d’idées qui se présentent à ses méditations. Chacune de ces commissions a des présidens d’honneur et un président effectif ; c’est à celui-ci que reviendra le principal fardeau. La première commission s’occupera de la limitation des armemens et des dépenses militaires : elle a pour présidens d’honneur M. le comte Munster et M. White, et pour président effectif M. Beernaert. La seconde s’occupera de la réglementation des lois de la guerre ; elle a pour présidens d’honneur M. le duc de Tetuan, Turkhan-Pacha et If. le comte Welsersheimb, et pour président effectif M. de Martens. La troisième commission s’occupera des bons offices, de la médiation et de l’arbitrage facultatif : elle a pour président d’honneur M. le comte Nigra et sir Julian Pauncefote, et pour président effectif M. Léon Bourgeois. Ces noms d’hommes connus et quelques-uns illustres montrent l’importance que les divers gouvernemens ont attachée à l’œuvre de la Conférence. Celle-ci, aujourd’hui, est organisée et constituée : elle s’est mise immédiatement à la tâche. Il faut attendre qu’elle ait un peu plus avancé ses travaux, ou même qu’elle les ait terminés, pour en parler à bon escient. Nous avons dit, d’ailleurs, il y a quelques semaines, ce que nous pensions de ses chances de succès. Il y a, dans le programme qui lui a été soumis, une partie très pratique et une autre qui l’est un peu moins. L’idée première dont le gouvernement russe s’est inspiré a été de mettre un frein aux dépenses militaires excessives, et peut-être même d’obtenir un commencement de désarmement. Plût au ciel qu’elle fût réalisable ; tout le monde s’en trouverait bien ; mais nous ne pouvons, à ce sujet, qu’exprimer un désir. On n’arrivera probablement pas à arrêter les nations et gouvernemens dans l’ardente concurrence qu’ils se font pour s’armer toujours davantage. On ne les empêchera pas d’utiliser pour la guerre les. formidables engins de destruction qui ont été inventés depuis quelques années. On ne les empêchera pas davantage, la science faisant de continuels progrès, d’appliquer les découvertes nouvelles à la construction d’engins nouveaux, plus destructeurs encore que les précédens. Ainsi le veut la loi même de l’histoire, et aucune bonne volonté ne prévaudra contre elle. Nous serions surpris, très agréablement d’ailleurs, si la première commission de la conférence n’était pas amenée à émettre des vœux généralement platoniques.

Il n’en sera sans doute de même ni de la seconde, ni de la troisième. Les lois générales de la guerre ont quelque chose de permanent et de fatal ; les mœurs de la guerre se sont, au contraire, adoucies, et nous