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était ainsi conçu : « Acceptation, en principe, de l’usage des bons offices, de la médiation et de l’arbitrage facultatif, pour des cas qui s’y prêtent, dans le but de prévenir des conflits armés entre les nations ; entente au sujet de leur mode d’application et établissement d’une pratique uniforme dans leur emploi. » Le cardinal secrétaire d’État constatait soigneusement la différence entre ce huitième article et les sept premiers. Sur ceux-ci, le Saint-Siège s’abstenait de « porter un jugement ; » planant dans « la sphère des principes régulateurs de la morale et de la civilisation chrétienne, » il applaudissait en termes généraux aux propositions du gouvernement impérial, et se félicitait que le Tsar, en face des formidables progrès de l’art militaire, réclamât, « au nom de l’humanité, les tempéramens opportuns. » Quant au huitième article, le cardinal Rampolla le soumettait à une étude approfondie et formulait une opinion précise.

« Il manque, écrivait-il, dans le consortium international des Etats, un système de moyens légaux et moraux propres à déterminer et à faire prévaloir le droit de chacun ; il ne reste, dès lors, qu’à recourir immédiatement à la force ; de là l’émulation des États dans le développement de leur puissance militaire... A rencontre d’un étal de choses si funeste, l’institution de la médiation et de l’arbitrage apparaît comme le remède le plus opportun ; elle répond, à tous égards, aux aspirations du Saint-Siège... Peut-être — et ceci sera mieux mis en relief dans les discussions de la conférence, — peut-être ne peut-on pas espérer que l’arbitrage, obligatoire par sa nature même, puisse devenir, dans toutes les circonstances, l’objet d’une acceptation et d’un assentiment unanimes. Une institution de médiation, investie d’une autorité, revêtue de tout le prestige moral nécessaire, munie des indispensables garanties de compétence et d’impartialité, n’enchaînant point la liberté des parties en litige, serait moins exposée à rencontrer des obstacles. » Cette indication, telle quelle, témoignait de l’intérêt spécial avec lequel le Vatican avait envisagé l’article huitième du programme. Le cardinal affirmait, en effet, que le Saint-Siège, « se souvenant de ses traditions, organe de conciliation et de paix entre les peuples, attachait la plus haute importance » à cette question... « En même temps, continuait-il, le Saint-Siège fait les vœux les plus ardens pour que, dans les conseils des puissances, le principe de la médiation et de l’arbitrage trouve un accueil favorable et soit appliqué le plus largement