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possible. Il accompagne de ses plus vives sympathies une telle proposition ; il se déclare toujours disposé à coopérer de toute sa bonne volonté, pour qu’elle ait une issue favorable ; car il est convaincu que si un accord international avait effectivement lieu sur ce point, il en résulterait, pour la cause de la civilisation, un des plus heureux succès. »

Là s’arrêtait la réponse du Vatican : comme celle du mois de septembre, elle était, tout ensemble, volontairement discrète et sincèrement chaleureuse. À mesure que se définissait le programme de la conférence, à mesure que s’en éclairaient les grandes lignes, le Saint-Siège délimitait, de son côté, les questions à l’occasion desquelles il serait en mesure d’apporter un concours efficace, et s’occupait de discerner à l’avance les discussions dans lesquelles il pourrait, s’il s’y trouvait convié, dire une parole et jouer un rôle utiles au bien des peuples. Ce n’était point la première fois, d’ailleurs, que les questions théoriques se rattachant à l’idée d’arbitrage occupaient l’attention du Vatican. Elles s’étaient déjà présentées à l’esprit de Pie IX entre 1868 et 1870. En septembre 1868, un groupe de catholiques anglais avait réclamé « avec instance la création à Rome, sous la protection du trône apostolique, d’un collège dont la mission serait l’enseignement du droit des gens et qui serait en ces matières un foyer de science et un arbitre suprême. » L’Appel d’un Protestant au Pape pour le Rétablissement du Droit public des Nations, dédié à Pie IX, à la même époque, par un autre Anglais, David Urquhart, émettait des vœux analogues. Et le synode patriarcal des Arméniens, en 1870, avait demandé à Pie IX de proposer au Concile œcuménique l’institution d’un tribunal permanent d’arbitrage dans la Ville éternelle, « afin que les gouvernemens fussent ainsi délivrés de la terrible nécessité d’entretenir perpétuellement des armées considérables. »

L’Europe, à ce moment du siècle, n’avait point encore mesuré les charges et les périls de la paix armée ; elle n’en avait point encore pesé l’inquiète lourdeur ; et déjà, le 10 février 1870, quarante Pères du Concile du Vatican proposaient à Pie IX des mesures préventives pour garantir le maintien de la paix sans épithète. « La condition présente du monde, expliquaient ces quarante théologiens, est devenue intolérable, à cause du développement des armées et de la conscription. Seule l’Église peut apporter un remède à de telles calamités. Encore que toutes les