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coke, non seulement elle est couverte d’usines de tous genres, forges, aciéries, verreries, fonderies, laminoirs ; mais elle a, dans d’autres pays, en Europe, en Asie, en Afrique, fondé des entreprises qui constituent une sorte de Belgique coloniale des plus prospères et qui lui assurent tous les avantages des colonies proprement dites sans entraîner aucun de leurs inconvéniens ni de leurs charges. Ce n’est pas ici le lieu de retracer l’histoire de ce Congo belge, qui, sous l’impulsion sagace et persévérante du roi Léopold II, est devenu ce que l’on sait : il nous suffit de rappeler quel débouché les entreprises de toute sorte y offrent à nos voisins. Ils prennent également une part considérable au développement de la Russie, où les sociétés minières et métallurgiques fondées par eux ne se comptent plus. Déjà, il y a trente ans, ils l’avaient couverte de tramways urbains, industrie dans laquelle ils avaient été les premiers à se lancer. Depuis lors ils ont porté leurs efforts, dans le même pays, vers une série d’affaires de tous genres. Les grandes sociétés belges, comme celle de Cockerill, ne pouvant y importer leurs produits à cause des droits de douane, se sont résolues à fonder elles-mêmes, sur territoire russe, des usines semblables aux leurs et ont réussi à s’assurer, par voie indirecte, le bénéfice de cet immense marché d’un pays de 130 millions d’habitans, dont l’outillage industriel n’est qu’à son début.

Quant à l’Angleterre, il est presque superflu de rappeler la part qu’elle prend au mouvement général. Elle qui approvisionne de houille une partie du monde ; elle dont les industries cotonnière et métallurgique ont eu pendant longtemps le monopole de l’exportation ; elle dont les navires transportent non seulement les marchandises qu’elle exporte et importe, mais une partie de celles des autres nations ; elle qui a su établir à Londres et à Liverpool une sorte de banque centrale et de marché universel pour les principales matières premières, elle a été la première à ressentir les effets bienfaisans d’une période de prospérité. Le volume du commerce anglais en 1898 a dépassé celui de toute année antérieure. Les exportations se sont élevées à 5 845 millions et les importations à 11 765 millions de francs. Cet excédent, en apparence énorme, des importations tient à plusieurs causes : la valeur des objets exportés ne comprend ni le fret, ni l’assurance, ni les commissions de vente ; il en est autrement de celle des objets importés : les frets, à eux seuls, représentent une somme colossale