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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/190

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« ART. 9. — En cas de guerre, le Gouvernement pourra occuper toutes les stations en territoire anglais ou sous le protectorat de l’Angleterre, et se servir du câble au moyen de ses propres employés. »

Ainsi, en temps normal, le gouvernement britannique s’est assuré spécialement pour ses dépêches, partout où existe une ligne télégraphique anglaise, un droit de priorité qui appartient à toutes les dépêches d’Etat d’après les conventions internationales. L’inscription de ce privilège peut paraître naturelle, mais, en réalité, elle a pour but et pour effet de faire céder le pas aux dépêches anglaises, par les dépêches d’Etat de tous les autres pays. Il ne faut pas chercher ailleurs l’explication de difficultés ou de retards, singulièrement favorables aux intérêts britanniques, que subissent certaines transmissions télégraphiques.

Mais combien plus dangereuse est cette situation en cas de guerre ! Les événemens du Transvaal viennent de faire ouvrir les yeux sur un péril menaçant pour tous les pays qui ont des colonies à défendre. Non seulement la censure anglaise établie à Aden refuse les correspondances chiffrées venant de Lourenço-Marquès, de Durban et du Cap ; elle arrête aussi celles qui arrivent de Madagascar aussi bien que de l’Est-Africain allemand. Que serait-ce si, au lieu d’une guerre entre l’Angleterre et le Transvaal, les hostilités existaient entre l’Angleterre et la France ? C’est la question du rôle des câbles télégraphiques qui est posée brutalement par ces faits. Quel a été ce rôle jusqu’à présent ? Quel sera-t-il, dans l’avenir, pour un pays comme la France, qui a un immense empire colonial à défendre, et des intérêts traditionnels d’influence et de commerce à soutenir sur tous les points du globe ?

Bien que d’une origine très récente puisqu’elle remonte à quarante ans à peine, les câbles télégraphiques sont déjà mêlés si directement à la vie internationale maritime et coloniale de tous les pays, que l’intérêt et l’importance de leur existence ne peuvent plus être ignorés ou méconnus. En temps de guerre notamment, ils peuvent être un moyen d’action d’une telle portée que l’on a pu dire justement que la nation qui disposerait seule d’un