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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/423

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Rochefort, bien qu’ayant toujours une réelle importance commerciale, est avant tout un port militaire. L’arsenal et ses dépendances occupent la plus grande et la meilleure partie de la ville et presque toute la rive droite du fleuve. Une douzaine d’appontemens, onze cales de constructions, un bassin d’échouage, trois formes de radoub, plusieurs fosses servant de magasins flottans pour l’immersion des bois et près de 2 kilomètres de quais constituent l’ensemble de l’outillage maritime de l’arsenal, dont les diverses installations, chantiers, fonderies, forges, bâtiments de toute nature, s’étendent sur plus de 50 hectares. A côté de cet imposant appareil militaire, le port marchand fait assez modeste figure. Le commerce a dû se contenter de ce que la marine lui a laissé ; mais il est juste de reconnaître qu’il en a très bien tiré parti. Jusqu’à ces dernières années, le port de commerce ne se composait que de deux bassins à flot assez médiocres, ayant chacun un hectare et demi à peine et communiquant entre eux par un canal de 20 mètres et avec la Charente par une écluse n’ayant guère plus de 60 mètres de longueur. Les navires qui ne pouvaient entrer dans ces bassins allaient se ranger un peu plus haut en rivière, le long d’une série de cales et d’appontemens. Ces installations étaient insuffisantes ; et depuis 1890, un grand bassin à flot de près de 7 hectares, relié au fleuve par une écluse de 100 mètres de longueur et de 18 mètres de largeur, offre au commerce toutes les facilités désirables. C’est le port de la Cabane Carrée, dont le seul inconvénient est d’être à l’amont du port militaire. Il faut en effet traverser tout l’arsenal pour arriver à la Cabane Carrée et à la gare maritime. Pour s’affranchir de toutes les réglementations qu’impose naturellement la marine, il suffirait de creuser un canal de navigation de 3 kilomètres environ qui couperait au Nord de Rochefort la boucle de la Charente, viendrait aboutir directement au mouillage de Vergeroux et diminuerait de près d’un tiers la distance de Rochefort à la mer. L’idée a été plusieurs fois émise et sera peut-être un jour réalisée.

Toutefois, malgré les entraves et les sujétions de toute nature qu’il éprouve, conséquence forcée de son voisinage avec l’arsenal, le port de Rochefort, dont le tonnage ne dépassait guère, il y a quelques années, 150 000 tonnes, est aujourd’hui de plus de 300 000 tonneaux effectifs. Sa situation dans l’intérieur d’un fleuve à plus de 20 kilomètres de la mer en exclut naturellement la navigation de poche et les relâches. Les exportations y sont