matière gommeuse qui enveloppe la bave. En plongeant le cocon dans de l’eau à 80 degrés, on ramollit la Comme, et la bave, pour peu qu’on la tire adroitement, peut être déroulée. La dévideuse de cocons, lorsqu’elle travaille pour les bonnetiers, dévide tantôt trois, tantôt sept baves à la fois pour les assembler en un brin unique.
Ce faisceau manquerait de ténacité s’il ne subissait une légère torsion ou « croisure » avant que la Comme des baves ne se soit durcie. Après refroidissement, le brin est compact et solide. Alors le « purgeage » en élimine les défauts par le moyen de deux ressorts qui cassent le fil à chaque imperfection. Puis le « doublage, » qu’on pourrait mieux appeler « multipliage, » assemble de quatre à douze brins au plus pour former une nouvelle association ; un « doublage » plus complet se ferait en deux fois. Enfin une machine spéciale imprime aux brins réunis une torsion de cent vingt à cent quarante tours par mètre. Ainsi tordue, la soie « ouvrée » offre, toutes proportions gardées, l’aspect d’un câble minuscule ou d’une cordelette très fine, et sa ténacité ne laisse rien à désirer.
Considérons l’article le plus ordinairement fabriqué à Ganges, désigné techniquement par la notation 28 fin. Des bas 28 fin provenant d’une soie peu chargée en teinture, mais simplement « décreusée, » pèseront à peu près 500 grammes, terme moyen, à la douzaine et se vendront aux environs de 60 francs dans les grands magasins de Paris. Nous pourrons dire que le fil qui aura servi à les tisser résulte de l’association d’une centaine de baves ; mais les données relatives au doublage font partie des secrets du métier. Prenons au contraire non l’article courant, mais les bas exceptionnels et chers comme les 40 ou 42, de véritables toiles d’araignée. Non seulement le brin primitif sera plus faible, mais on modifiera le doublage pour ne réunir finalement qu’une vingtaine de baves dans le même cordonnet.
Il reste à éliminer par une cuite à l’eau de savon la Comme des baves que nous avons mentionnée naguère. Cette opération, appelée « décreusage, » bien qu’obligatoire, ne nous retiendra pas ; elle se fait au sortir du moulinage, aux dépens de la soie doublée et tordue sur laquelle opère ensuite le teinturier, car, aujourd’hui, au rebours de ce qui se passait du temps de Louis XIV, la soie, avant d’être travaillée, reçoit toujours la nuance voulue, nuance qui peut varier à l’infini en produisant de charmans effets. Son application exige l’adresse d’un ouvrier « né dans le métier, » suivant l’expression du contremaître qui nous a montré