Vannes, Dariorigum, et à la mer[1]. La grande lagune du Morbihan n’existait donc pas encore. Presque partout, le sol était à peu près émergé. Tout au plus, était-il frangé de quelques marécages épars.
Vannes, l’ancienne capitale des Vénètes, n’était pas comme aujourd’hui sur un canal navigable au fond d’un cul-de-sac. Des terres, des champs et des prairies l’entouraient au contraire de tous côtés. Locmariaker était en réalité le vrai port du pays ; et c’est lui très probablement que Ptolémée appelle Vindana portus, désignation un peu altérée qu’il faut probablement corriger par Veneda ou Veneta portus, la même que nous avons vu donner à l’un des petits ports situés à l’embouchure de la Loire et qui appartenait aussi à la tribu des Vénètes[2]. Le port actuel de Locmariaker n’est plus maintenant qu’un très modeste petit havre déchu, dont le commerce est très peu important ; mais il demeure une excellente relâche et un très bon mouillage présentant toujours une certaine activité pour la pêche côtière et surtout pour le dragage des huîtres. C’est la porte d’entrée du Morbihan, et l’avant-port de Vannes et d’Auray.
Le port d’Auray est un fort joli décor qui se développe harmonieusement sur les deux rives du Loc et à 15 kilomètres seulement de son embouchure. Le petit fleuve est bordé des deux côtés par de charmantes collines boisées. Les navires de plus de 200 tonneaux peuvent aisément le remonter et accoster deux quais très bien disposés et d’un effet très pittoresque ; mais le mouvement commercial est très faible, tout à fait local ; et c’est avec Belle-Isle seulement qu’il entretient des relations un peu suivies.
Vannes lui-même n’a pas une importance beaucoup plus considérable. Son grand bassin de la Rabine n’est qu’un long cul-de-sac, de 800 mètres de longueur sur 50 mètres à peine de largeur, qui ne peut recevoir que des navires de 100 tonneaux et en reçoit même très peu. Ceux d’un plus fort tonnage sont obligés de s’alléger ou de jeter l’ancre à la sortie même du canal de la Rabine dans le petit bassin qui précède l’île de Conlau, la première de l’archipel du Morbihan, reliée artificiellement à Vannes par une chaussée carrossable et qui est devenue en quelque sorte le faubourg maritime et la banlieue de plaisance de la vieille capitale des Vénètes.