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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/906

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POÉSIE


I


J’ai dans l’âtre encor vide et sévère jeté
Des lettres où l’amour mentait, des roses sèches
Hier grâce odorante et fraîche de l’été,
Et d’anciens vers écrits jadis avec fierté.

La flamme, archer rapide, a décoché ses flèches.
Le mur s’est d’un éclat subit ensanglanté,
La chambre a ri du seuil profond aux angles sombres,
Des torches ont paru courir dans les miroirs,
Le feu d’une aile rouge a pourchassé les ombres
Et frotté d’or le bois luisant des meubles noirs.

Mon être s’imprégnait d’une chaleur légère,
Je bénissais la flamme onduleuse.
Et voici, Tout à coup, que le beau brasier s’est obscurci.

Sa cendre en bleuissant palpite sur la pierre,
La nuit tombe, et, morose alors, le cœur transi
Par ce brusque et funèbre adieu de la lumière,
Sous la vitre qui verse un suprême jour gris,