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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/928

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La vérité est certainement de ce côté. Les discordances n’effacent point des coïncidences précises et nombreuses. Ces coïncidences ne sauraient être sans raison ; au contraire, il n’y en a que trop aux divergences. Les particules dissoutes ne sont pas nécessairement les molécules des chimistes : elles peuvent résulter du fractionnement de celles-ci ou de leur agrégation entre elles et avec le liquide dissolvant. C’est à ces particules physiques, associées ou dissociées, — que M. Raoult nomme des monades, que Naegeli appelait des micelles, et Pfeffer des tagmas, — qu’appartiendraient véritablement les influences cryoscopique. osmotique, et autres : c’est-à-dire les propriétés colligatives. La variété de ces arrangemens et les limites inévitables à cette variété rendraient compte, à la fois, de la concordance générale des mesures et de leurs divergences de détail.


VI

Quant aux applications chimiques de ces études, nous les avons signalées au cours de cet exposé. La plus importante est relative à la mesure des poids moléculaires. Étant donnée une solution d’un corps, contenant 1 gramme pour 100 grammes d’eau, si l’on mesure sa température de congélation au-dessous du zéro, ce nombre multiplié par le poids moléculaire doit donner la constante 18,5 : divisé par 18,5 il donnera donc le poids moléculaire. En employant un autre dissolvant, la constante change de valeur. Au bleu de 18,5 elle est 39 pour l’acide acétique, 49 pour la benzine, 74 pour le phénol.

Inversement, si le poids moléculaire du corps dissous est connu, la relation précédente permet de déterminer la composition de la solution. La cryoscopie devient un moyen d’analyse chimique.

Nous avons vu qu’elle fournissait, sous le nom de méthode de la congélation fractionnée, un procédé de purification des corps.

Le fait que la solidification produite par le froid porte sur l’eau pure a été utilisé, dans les pays du Nord, pour séparer de l’eau de mer le sel qu’elle tient en solution. Si l’on refroidit cette eau, il se forme à la surface du vase une gaine de glace transparente, tandis que le sel se réfugie et se concentre à l’intérieur. La concentration et le dépôt qui, dans les pays méridionaux, s’obtiennent par la chaleur, sont ici réalisés par le froid. On peut concentrer de la même manière les eaux-de-vie.


A. DASTRE