d’un diadème. Le buste se drape dans un châle étroit qui n’engonce point la taille, ainsi qu’en Trégor, mais plutôt la dégage en se modelant sur ses contours. La robe, de nuance claire, laisse, par l’ample évasement des manches, apercevoir jusqu’au coude la blancheur fuselée des bras. Car ces îliennes-ci sont d’une caste à part. Elle ne vivent point, comme leurs sœurs des autres îles, courbées sur le « sillon » patrimonial. Les besognes serviles ne sont point leur fait. Pour tout ce qui regarde les cultures, elles s’en remettent à la race inférieure des « terriens, » mercenaires agricoles, gagés sur le continent, lesquels émigrent à époques fixes, tantôt d’Aradon, tantôt de Rhuys, et sont à l’indolente Izéna ce que les Lucquois sont à la Corse. Je demande à la toute jeune femme d’un capitaine long-courrier :
— A quoi se passe votre temps, en l’absence de votre mari ?
— A l’attendre, m’est-il répondu.
Et il semble bien, en effet, qu’elles ne se conçoivent, pour la plupart, d’autre fonction que de veiller sur l’âtre désert, d’entretenir la Vesta domestique et de perpétuer intact le beau sang de leurs aïeux.
Notre cortège s’ébranle vers Lômiquel, le chef-lieu de l’île, aux sons aigrelets d’une cornemuse. La route traverse le pays le plus varié, le plus changeant, entre des pelages dorés de collines, mouchetés de vertes oasis. Partout des maisons d’autrefois, de vieilles gentilhommières à tourelles basses et à pignons pointus, fleuries jusque sur leurs toits d’ombilics, d’étoiles des grèves, de lichens, et dont les cheminées, soigneusement crépies à la chaux, resplendissent comme de blancs amers, dans le soleil. Des murs en pierres de taille entourent ces espèces de bastides bretonnes ; par le porche cintré, l’œil plonge dans une cour solitaire, un patio plein de silence et de fraîcheur, qu’ombragent des arbres bibliques, des figuiers et même des sycomores.
Comme je m’arrête pour lire une inscription commémorative sculptée dans le linteau d’une porte, une matrone en deuil me prie d’entrer.
— Vous ne pouvez moins faire, monsieur, par cette chaleur, que d’accepter un coup de vin de Sarzeau.
Elle m’introduit dans une pièce aux boiseries peintes, sorte