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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Nous ne pouvons malheureusement donner encore qu’une impression incomplète des élections municipales. La journée du 6 mai n’a pas été définitive. Il faut se contenter, quant à présent, de résultats approximatifs, ce qui ne veut pas dire que quelques-uns d’entre eux ne soient pas déjà très significatifs. Le scrutin du 6 mai nous a apporté un certain nombre d’enseignemens, qui pourront être un peu modifiés sur des points accessoires par les élections complémentaires ; mais, dans l’ensemble, il n’y aura sans doute pas de changemens bien profonds à des résultats qu’on peut, dès maintenant, considérer comme acquis.

Rien n’effacera, par exemple, l’impression qui s’est produite à Paris, lorsqu’on y a appris que les nationalistes l’emportaient dans neuf circonscriptions. Il y a eu là, pour beaucoup, une véritable surprise. Il suffisait, pourtant, d’écouter ce qui se disait et de regarder ce qui se préparait pour s’attendre à l’événement. Dans un nombre relativement considérable de circonscriptions, le nationalisme était entré en campagne avec une ardeur batailleuse qui était déjà un présage de victoire, car on ne se bat ainsi que lorsqu’on a une sérieuse espérance. Mais un autre symptôme encore révélait l’importance électorale que le nationalisme avait prise à Paris en quelques mois : c’est que presque tous les candidats qui n’étaient pas radicaux avancés ou socialistes recherchaient avec lui un lien plus ou moins direct, demandaient ou acceptaient son patronage, et se teintaient de ses couleurs. Faut-il revenir sur ce que nous avons déjà dit du nationalisme ? Il se compose d’élémens très divers, qui auraient besoin d’être distingués les uns des autres. Il comprend la matière de plusieurs partis, non pas en fusion, mais en confusion. Cela dit, il faut lâcher de comprendre le mouvement ascensionnel de cette coalition quelque peu mêlée. Quel est le sentiment commun à toutes ses parties, qui sert de lien entre elles ? C’est le mécontentement de ce qui se passe. Le nationalisme est de