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LE GOMBO


Le vent du large a la senteur des goémons,
Et l’arome des pins se fond dans la lumière.
Le triomphe de vivre éblouit l’heure claire ;
Sous l’azur tiède fuit l’or bleuâtre des monts.

Là Shelley dispersa son âme impérissable.
Ah ! ce corps qu’au bûcher l’eau changeante rendit !
Au loin la mer, turquoise immense, resplendit ;
Une frange d’écume ondule sur le sable.

Est-il sous le soleil de sépulcre plus beau
Que l’éparse grandeur de ce vide tombeau
Où la vie et la mort entrelacent leur rêve ?

Éphémères décors qu’éteint l’oubli vainqueur,
Sitôt qu’a disparu cette étincelle brève :
Ce que nous y mettons de notre propre cœur !


VICTOR MARGUERITTE.