en hâte, on le transporta à l’hôpital ; le 20 juin au matin, à 8 heures, quand ses parens et ses amis venaient à peine d’apprendre qu’il fût alité, il rendit le dernier soupir, seul, dans toute la tristesse du mot, car la sœur de charité avait elle-même quitté la chambre. L’autopsie permit de constater la parfaite santé de tous les organes, à l’exception du cœur. Celui-ci, sans être précisément malade, avait une lésion toute locale, que les savans ne parvinrent pas à s’expliquer. On l’enterra dans le cimetière militaire, et on grava, sur sa tombe, ces paroles :
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! »
J’ai eu l’occasion, chemin faisant, de signaler quelques-uns des écrits de Stein. Il me reste à jeter un coup d’œil d’ensemble sur son œuvre.
Elle comprend, d’abord, toute une série de travaux critiques ou scientifiques, disséminés dans diverses publications périodiques, les Bayreuther Blätter, la Zeitschrift für Philosophie, la Deutsche Rundschau, et autres. Parmi ceux qui ont trait à la littérature française, je noterai, pour compléter la liste de ceux que j’ai déjà mentionnés, un article sur les Œuvres de Rousseau et leur influence, et une très remarquable étude sur les Rapports entre Rousseau et Kant. Dühring avait déjà indiqué ce que les théories morales de Kant doivent à Jean-Jacques ; mais Stein va bien plus loin, et montre que le moraliste genevois a eu une influence décisive sur la métaphysique du philosophe allemand. Et ce n’est pas une affirmation en l’air ; documens en mains, Stein prouve ce qu’il avance, irréfutablement ; il le fait, d’ailleurs, en quelques pages, avec cette extrême concision qui reste un trait distinctif de sa manière. Dans la philosophie proprement dite, une série de Scolies sur Schopenhauer est peut-être, à côté de l’étude déjà mentionnée sur les Rapports entre le langage et la philosophie, ce qu’il a produit de plus remarquable. Ses études sur Luther et sur Shakspeare sont mi-historiques, mi-philosophiques. Il y aurait enfin à signaler une série d’articles plus spécialement littéraires sur Gœthe, Jean-Paul Richter, Gobineau et autres, et des études sur des livres nouveaux.
Mais l’intérêt du public allemand va surtout, et avec raison, aux œuvres poétiques. Stein, cependant, est mort avant d’avoir