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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/704

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autrement que les interventions antérieures. Il est fort peu probable que l’on aboutisse simplement à la restauration, à Pékin, des influences favorables à l’Occident. Les puissances voudront davantage ; et les solutions qu’on peut apercevoir dès maintenant seront sans doute plus radicales.

La première consisterait dans le démembrement de l’Empire du Milieu, dans son partage entre les différens États occidentaux qui ont des droits à faire valoir, c’est-à-dire des convoitises à satisfaire. Elle n’a peut-être pas, pour elle, les plus grandes chances. Si elle est souhaitée par l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon, elle ne semble convenir, au contraire, ni à la Russie ni à la France.

La France veut poursuivre, dans le statu quo politique actuel, la conquête économique de la Chine du Sud. La Russie n’a aucune raison de souhaiter le partage de la Chine. Une tradition de ses diplomates consiste à regretter le partage de la Pologne à la fin du xviiie siècle, qui eut le tort essentiel d’être un partage, c’est-à-dire de donner à la Prusse et à l’Autriche une partie d’un tout dont la Russie eût fait son affaire à elle toute seule. C’est par les protectorats que l’on arrive le mieux à mettre, d’un seul coup, la main sur un grand empire. La Russie a, de ce côté aussi, de bonnes traditions. Elle a, dans le Turkestan chinois, des protectorats qui se sont transformés facilement en possessions directes. Elle a sur la Perse un protectorat de fait qu’elle n’a même pas eu besoin de faire agréer par les autres puissances. Une œuvre semblable a été préparée à Pékin d’assez longue main. Un concours heureux de circonstances occupe l’Angleterre dans l’Afrique du Sud, au moment où la crise éclate en Chine. Que de convoitises, que d’espérances s’agitent actuellement autour de la Chine ! Pour qu’elles se lèvent de tous côtés, il a suffi de deux ans d’un gouvernement imprudent et aveugle, déchaînant les élémens permanens de trouble et de destruction que les sociétés secrètes entretiennent depuis des siècles et des siècles dans l’empire des Fils du Ciel. Le nom obscur de « Boxeurs » est le symbole du mal qui, un jour ou l’autre, tuera la Chine.

Castellane.