pour chercher à faire violence aux femmes et aux filles des Chinois du voisinage et n’arrête même pas ses entreprises aux portes de l’orphelinat qui est proche ? Il y a déjà bon nombre d’années, des étrangers, visitant le Temple du Ciel, souillèrent d’une manière immonde la salle même où l’empereur vient s’asseoir avant et après le sacrifice : ils avaient déjà quitté Pékin quand le ministre de leur nationalité les fit poursuivre et ramener pour présenter des excuses au Tsong-li-Yamen ; depuis lors, l’entrée du temple a été strictement interdite. Un vol ayant été commis par des étrangers aux dépens d’un riche Chinois, le représentant de leur pays les fit partir par le premier paquebot pour ne pas avoir, en les châtiant, à humilier la supériorité européenne devant des Asiatiques. Mais le crime impuni d’un seul retombe alors sur toute la communauté. De pareils faits sont rares, il est vrai ; les étrangers résidens ne sont pas, et de beaucoup, assez nombreux pour tyranniser les Chinois : mais ce qui frappe l’esprit, ce sont les actes anormaux et blâmables. Différens des Chinois et par le visage et par le costume et par les habitudes, par là même ridicules à leurs yeux, nous devrions veiller d’autant plus sévèrement sur notre conduite, leur montrer que nous sommes des hommes et des civilisés. Il faudrait qu’il n’allât en Chine que des gens capables de comprendre ce qui s’y trouve de respectable et d’enseigner ce que nous avons de bon ; il faudrait bannir cette impudence, ce laisser aller dont on rougirait en Europe, et même cette gaminerie malsaine qui pousse quelques-uns à injurier les indigènes, cet esprit de raillerie qui se moque ouvertement de leurs habitudes et d’eux-mêmes ; et, pour être traités par eux en hommes, il nous faudrait ne pas commencer par voir en eux des brutes.
Laissant ce sujet pénible et rentrant dans la vie régulière, voyons quelles sont avec les Chinois les relations d’un européen résidant dans un port, d’un commerçant par exemple. Ignorant le chinois et sans employé européen qui le sache, il vit au milieu d’un personnel indigène : d’abord le comprador, à la fois caissier, intendant, courtier, négociant même pour son propre compte, associé à la maison en qualité de premier des subalternes, représentant d’un groupe de maisons chinoises qui le garantissent ; ensuite les employés chinois, scribes, shroffs et autres ; enfin les boys et coolies, domestiques privés, garçons de bureau, hommes de peine, habituellement présentés et garantis