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la chasse, la pêche, divers services de surveillance sur les chemins de fer, sur les postes, les télégraphes, les téléphones, les mines, les forêts, les prisons, les bâtimens civils, les édifices départementaux et les monumens historiques. Car le préfet doit s’enquérir de tout cela et il a une sorte de responsabilité sur tout ce qui se fait dans le département, l’intérêt public étant qu’il y ait harmonie et unité d’efforts dans le travail, pour éviter tout enraiement ou affolement dans les rouages.

Enfin, la troisième division, qui compte quinze employés, s’occupe de ce qui concerne spécialement la mission de l’Etat comme surveillant et contrôleur des communes. L’expérience du moyen âge ayant appris que les communes ne savaient guère s’administrer elles-mêmes, qu’elles étaient dépensières, gaspilleuses des deniers publics, oligarchiques et favorables aux privilèges héréditaires, elles ont, d’elles-mêmes, recouru à l’Etat, et ont sollicité sa tutelle. C’est ce fait historique, cet appel universel des agglomérations locales à l’arbitrage et au contrôle du centre qui est représenté, adminislrativement, par l’existence, à la préfecture, d’une troisième division sous la rubrique : Administration communale. C’est donc elle qui exerce, à proprement parler, la tutelle de l’Etat sur les communes. Par une extension toute moderne, elle s’occupe, en même temps, de la grande amélioration apportée, depuis moins d’un siècle, à la vie publique par la constitution et le perfectionnement constant de la voirie vicinale, urbaine et rurale.

Tout compte fait, 550 000 Français, en tant qu’habitans d’un département déterminé, sont gouvernés politiquement et administrativement par une centaine de fonctionnaires résidant en grande majorité à Laon. C’est ce groupe de cent hommes qui représente, ici, précisément ce que l’ancien droit appelle « le Prince. » C’est par eux que se manifeste, inscrite sur les fameuses paperasses administratives, la volonté du souverain, c’est-à-dire la discipline sociale, la suite dans les idées, la permanence ! dans les vues, l’expérience acquise, la mise en train soutenue, la combinaison des volontés et des énergies qui rattache ces 550 000 Français à tous les autres, qui multiplie leur effort par celui de tous leurs compatriotes, et réciproquement, qui crée et maintient l’ordre intérieur, assure la défense extérieure, distribue le secours mutuel, et règle le pas de marche qui met tout le monde en mouvement dans le sens des destinées du pays. Si ce n’est pas