l’année 1855 et qu’on parcoure un travail d’André Poey, la légende de l’absence de grêle sous les tropiques reçoit un brutal démenti. Il s’agit de Cuba. Malgré la notoire insuffisance des observations ou des observateurs dans la première moitié du XIXe siècle dans l’île de Cuba, on se trouve en présence d’une statistique de quarante chutes environ pour une période de trente-cinq ans, de huit ou même neuf chutes annuelles à certaines époques exceptionnelles. Ces chiffres, bien entendu, s’appliquent à toute l’île, dont l’altitude générale n’est pas énorme au point de modifier le climat tropical. D’autre part, Moreau de Saint-Méry, dans sa monographie de Saint-Domingue publiée en 1797, mentionne six cas de grêle relatifs à cette belle colonie, échelonnés de 1774 à 1789, sans parler d’une chute antérieure beaucoup plus ancienne. Même Port-au-Prince, sur le littoral, fut grêlé en 1820.
On est allé plus loin. « La grêle, a-t-on dit, si on pouvait en recenser bien exactement les chutes durant une longue série de siècles, serait assez rare, à la vérité, sur un point donné voisin de l’équateur ; mais ce défaut de fréquence se complique d’irrégularités si exagérées qu’on a pu soutenir avec apparence de raison que la grêle était chose absolument inconnue à certains peuples. » Nos arrière-neveux trancheront la question de savoir si la grêle respecte ou non divers pays de la zone torride, en règle absolue. Il est vrai que le privilège des cyclones tropicaux compense tristement l’immunité, si elle existe.
Voit-on de la grêle en hiver ? Le Languedocien de Ratte, collaborateur à l’Encyclopédie, se pose cette demande dans l’article du Dictionnaire relatif au météore, et après avoir observé que l’opinion universelle conclut a la négative, il rapporte qu’à Montpellier, où la grêle, selon lui, est plutôt rare (les propriétaires de cette ville ne partageraient pas tous cet avis), il l’a vue tomber plusieurs fois en hiver et notamment le 30 janvier 1741, vers neuf heures du soir, « ce qui fortifie ce qu’on a déjà dit contre ceux qui prétendent qu’il ne grêle que pendant le jour. »
Encore un préjugé que notre auteur nous dispense de réfuter Seulement il est juste d’ajouter que, d’après les statistiques, la grêle tombe en moyenne trois ou quatre fois plus souvent pendant le jour que pendant la nuit.
Il nous reste, en dernier lieu, à donner une idée de la répartition des chutes de grêle suivant les mois de l’année, en résumant