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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/412

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dans les régions forestières, les dommages ne sont pas assez graves pour mériter l’assurance. Tel paysan, telle commune, harcelés par la grêle n’ont pas les moyens de recourir à une compagnie : et, à l’inverse, tel riche propriétaire dont les domaines se fractionnent en plusieurs exploitations un peu éloignées préférera rester son propre assureur. Ces restrictions posées, il nous a paru que la grêle, en 1899, s’est principalement attaquée aux départemens suivans : Ain, Allier, Aude, Cher, Côte-d’Or, Creuse, Eure-et-Loir, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Hérault, Indre, Loiret, Lot, Lot-et-Garonne, Nièvre, Saône-et-Loire, Somme. Dans cette liste, nous allons en choisir trois, pour les examiner d’un peu plus près, en nous appuyant sur des essais de statistique condensés dans l’Atlas météorologique de l’Observatoire pour l’année 1868.

Parlons d’abord du Loiret. Pendant les trois années 1866, 1867, 1868, la moitié des orages environ qui ont été recensés fut accompagnée de chute de grêle, grave ou inoffensive. A signaler trois orages particulièrement désastreux, en juin et septembre 1866 et en avril 1868 (on voit que le peu de fréquence de la grêle en avril n’entrave pas sa violence pour cela). Il s’est présenté en outre quelques cas de grésil.

Pour des raisons insuffisamment expliquées, la grêle épargne un peu l’arrondissement de Pithiviers. Orléans subit le météore par les orages venus du nord, Gien par ceux dérivant du sud, Lorris et Beaune-la-Rolande jouissent de la peu enviable faculté de pouvoir être grêlés de deux manières différentes. Observons, à ce propos, que les statistiques de la grêle accusent forcément des moyennes irréprochables pour les banlieues des grandes villes où les observateurs zélés ne manquent pas, non plus que les observatoires, et aussi parce que les cultures y acquièrent assez de valeur pour provoquer de nombreuses assurances. Les vastes forêts qui couvrent l’arrondissement de Pithiviers détournent-elles la grêle ? ou éloignent-elles simplement météorologistes et polices d’assurances devenus inutiles ?

Mais, là où les grêles ne peuvent passer inaperçues, c’est dans un département comme la Somme ; les statistiques, nous ne l’ignorons plus, abondent à l’égard d’un terroir fertile, bien cultivé et homogène. La carte de l’Atlas que nous avons sous les yeux, dressée en 1868 par M. Lenoël, président de la Commission météorologique de la Somme, résume dix-sept années de statistiques