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représenter ce tore ou tourbillon annulaire, pas n’est besoin de feuilleter un traité de géométrie descriptive, il suffit de regarder certains pains ronds, évidés au centre, en forme de couronne. Le tore est d’abord très visible, car il contient beaucoup de fumée ; puis, peu à peu, la fumée étant expulsée par la rotation qui accompagne la translation, il ne se distingue plus. À la simple vue, on constate déjà que le tore n’est pas une abstraction mécanique ; pendant que MM. Gastine et Vermorel l’étudiaient à Villefranche, leur collaborateur, M. Grandvoinnet, réussissait à le photographier. Plusieurs expérimentateurs ont vérifié sa matérialité (s’il est permis de s’exprimer ainsi) comme projectile. À Casal, c’est une cible en papier fort que l’anneau gazeux crève à 70 mètres de la bouche du canon. À Breganze, en Italie, Mgr Scotton, un prélat qui s’occupe avec autant de zèle que de science à éclairer le problème et à organiser l’artillerie, dispose verticalement, à 40 mètres au-dessus de la pièce, une cible du poids de 100 kilogrammes équilibrée à l’extrémité d’un levier de suspension. Lorsque le coup part, la cible reçoit un choc suffisant pour l’élever brusquement de 40 centimètres.

Ce serait ce fameux « tore » qui monterait dans l’air avec une vitesse initiale de 50 à 100 mètres et parviendrait à une altitude de 800 mètres, si l’on adopte l’évaluation des gens timides, de 2 000 mètres, si l’on en croit certains théoriciens plus hardis. Son choc encore sensible, survenant dans l’air calme des nuages grandinigènes, troublerait-il, ainsi que nous le verrons plus loin, le calme factice nécessaire à la production du phénomène de surfusion ou de vaporisation instables ? Produirait-il simplement une poussée verticale d’air chaud susceptible d’entraver la naissance des glaçons constituant la grêle ? Peut-être, mais l’explication laisse à désirer. Ou bien, suivant l’opinion de M. Roberto, météorologiste italien, le tore, en choquant les spires inférieures du tourbillon, dérangerait-il l’équilibre de l’ensemble, fort peu sans doute, mais dans des conditions telles que le tourbillon serait modifié, s’il était atteint simultanément sur plusieurs points par divers tores ? Notons que M. Roberto est partisan à la fois de la pénétration de l’anneau gazeux aux grandes altitudes et de la formation de la grêle au sein de couches relativement basses. Ainsi rapprochés l’un de l’autre, les deux phénomènes auraient forcément une influence réciproque.

D’autre part, il est connu qu’à partir d’une certaine hauteur