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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/439

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victoires, trop longue à rapporter en détail, se mêle de quelques insuccès partiels et même de quelques défaites bien caractérisées. Mais, outre que certaines vallées ou cultures (le tabac, par exemple) paraissent singulièrement difficiles à défendre, souvent le type des canons est trop faible ou bien, par une économie mal entendue, l’artilleur ménage sa poudre. Enfin, certains orages, par leur soudaineté, déconcertent les syndiqués.

Divers exemples, cités par Mgr Scotton dans ses conférences populaires sur l’opportunité de fonder des stations de tir, montrent qu’il s’agit non d’hypothèses, mais de faits. Il doit se produire forcément, lors de la survenance d’un nuage grandinifère au-dessus d’une zone protégée, des imperfections dans la défense ; ici, c’est une pièce sans artilleur titulaire ; là, un canonnier qui, comme un simple carabinier, arrive trop tard à son poste ; là encore, un canon privé d’abri est renversé par le vent. Eh bien ! tous ces « trous » correspondent à des modifications dans la nature de l’eau précipitée : ils reçoivent la grêle, mais peu grave, et, sur les confins de la zone protégée dans toutes les règles, elle devient fine et tout à fait inoffensive.

Dès que tonnerre et éclairs artificiels se déchaînent, éclairs et tonnerre cessent de briller et de gronder dans le ciel. Ce fait curieux a été plus d’une fois observé en Italie.

En France, à Denicé, les résultats de l’année 1900, quoique contestés par une minorité assez ardente d’agronomes, peuvent passer pour satisfaisans, et aussi les quelques échecs partiels résultent, comme ceux d’Italie, des imperfections inévitables de la pratique. Assurément ce n’est pas faute d’avoir brûlé beaucoup de poudre : 1 200 coups ont retenti dans la nuit du 17 au 18 juin, 1 400 dans l’après-midi du 21 juillet, près de 1 100 le 28 du même mois, autant le lendemain 29, 1 300 le matin du 20 août. Mais la bataille la plus chaude date du surlendemain 22 : ce jour-là plus de 3 200 détonations ébranlèrent l’atmosphère. Tandis que les environs non protégés de Denicé souffrirent beaucoup et perdirent le quart, le tiers ou plus de la moitié de leur récolte, Denicé, dans son ensemble, ne vit détruire qu’une fraction insignifiante de la sienne. Toutefois, l’ennemi pénétra à l’intérieur du réseau par deux brèches et occasionna de lourds dégâts. Les sceptiques s’emparèrent de cette objection très probante puisqu’elle était fondée sur l’expérience ; mais les enthousiastes rétorquèrent l’argument comme les Italiens l’avaient déjà