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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/777

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Il annonça au Journal officiel que les associations de plus de vingt personnes, même divisées en groupes, seraient poursuivies. Sur quoi, le Comité des 25 se terra ; on n’en entendit plus parler, et nous voilà maîtres de la lice.

« Il faut agir dictatorialement, » écrivait Marie à Hérold. Ils voulaient une dictature, ils l’eurent, mais ce ne fut pas la leur


III

Je convoquai chez Jules Favre les Cinq, Nefftzer, Girardin, Havin et Guéroult (6 mai) ; je proposai de nous ériger en Comité directeur : nous étions les seules forces vives et le peuple nous suivrait ; le succès de l’élection était à ce prix. Ceci admis, j’indiquai comment j’entendais la composition de notre liste : A la 1re circonscription, Havin : personne ne s’opposa. A la 2e, Thiers : sur quoi s’engagea une très vive discussion ; Picard et Darimon étaient pleins de méfiance, Havin et Guéroult hostiles ; j’insistai énergiquement, et grâce à l’appui de Girardin et de Jules Favre, je l’emportai. Aux 3e, 4e, 5e, 7e circonscriptions, les noms d’Emile Ollivier, Picard, J. Favre, Darimon ne soulevèrent aucune objection. Quand on parla de la 6e, Guéroult, tout rouge, dit : « Je m’y porte. » Un silence embarrassant suivit ; enfin Girardin, du ton d’un homme qui subit une nécessité, fit : « Eh bien ! portons Guéroult. » Et Guéroult fut porté. Je proposai Eugène Pelletan à la 9e, quoiqu’il eût marché avec le Comité hostile. « J’indiquerais bien volontiers, ajoutai-je, Jules Simon à la 8e, si ses déclarations abstentionnistes ne nous interdisaient de compter sur lui. » Il fut décidé que cette circonscription demeurerait vacante jusqu’à ce qu’on eût trouvé un candidat de la nuance Carnot-Garnier-Pagès, car nous tenions essentiellement à faire œuvre de tolérance et non d’exclusion. Ces diverses décisions prises, nous nous ajournâmes au 8 au soir. Le Journal des Débats, le Courrier du Dimanche, seraient convoqués ; je m’assurerais dans l’intervalle des dispositions de Thiers : Havin de celles de Pelletan, et chercherait un candidat Carnotin.

Pendant tous ces débats, l’attitude de Nefftzer avait été étrange : il n’avait proféré que des monosyllabes, grommelant plutôt que parlant. Je lui demandai s’il nous soutiendrait ; il refusa de s’expliquer ; j’insistai. Alors, emporté par la colère, il s’écria pathétiquement : « Le motif de mon refus est que si les Cinq et les