de vue. » Pour éviter ce grave inconvénient, on interrompt, à chaque châssis, toutes les droites fuyantes par un objet saillant tel qu’un pilastre.
Ces châssis sont confectionnés par les soins du chef machiniste, préoccupé surtout de silhouetter leur carcasse pour les rendre maniables, solides et légers. Il fait tendre, — « maroufler, » dit-on — une forte toile écrue sur cette boisure et l’envoie au peintre, ainsi que les rideaux cousus et les filets sur lesquels s’appliqueront les feuillages ajourés. Jusqu’en 1825, les rideaux, ébauchés à terre, étaient terminés debout dans la position qu’ils occupent sur la scène. De hautes et longues murailles étaient nécessaires pour les appuyer, ainsi qu’un système compliqué de ponts et d’échafaudages, permettant au peintre de se porter sur tous les points.
Beaucoup plus rapide est le travail à plat, qui depuis longtemps a prévalu. Aussitôt sèche la couche d’apprêt, au blanc de Meudon, donnée par les garçons d’atelier, le « traceur, » chaussé de savates légères, armé d’un porte-fusain long comme une canne et d’une règle de deux mètres, emmanchée dans une tige à hauteur d’appui, reporte sur la toile, par la méthode mathématique du carré, les mesures, saillies et profils de la maquette. Chacun ici a sa spécialité : les uns sont « perspecteurs » ou dessinateurs, les autres coloristes. Quatre ateliers principaux fabriquent aujourd’hui presque tous les décors, tant pour Paris que pour la province, dont les directeurs se contentent de types généraux, — paysages et places publiques, tableaux pittoresques et riches salons, — fonds de répertoire invariable, où les mélodrames pauvres logent en garni. Sur les scènes parisiennes, d’ailleurs, toutes les pièces ne sont pas mises dans leurs meubles ; le même décor est repeint et ravaudé plusieurs fois ; sur bien des vieux châssis, il a été barbouillé tour à tour de la nuit et du soleil. Les outils sont en proportion des surfaces à couvrir : pour donner les « tons, » les premiers effets d’ensemble, ce sont des baquets que l’on vide. Quand le détail s’accuse, les pinceaux sont des « balais, » — brosses à minces hampes permettant de travailler debout ; — la palette est une rangée de vases en poterie commune, que remplissent des liquides de toutes nuances. Ces couleurs sont un mélange de terre, de celle et d’eau. Pour les parties les plus sujettes à la fatigue, la celle pure est délayée à chaud ; point d’essence ni de vernis. La peinture à l’huile