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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/880

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PATRIOTISME ET HUMANITARISME
ESSAI D’HISTOIRE CONTEMPORAINE

IV[1]
LA POLITIQUE DE JULES FERRY


I

« Avec une claire conscience du passé et une vue précise de l’avenir, ayant consulté le temps et nos forces, Ferry fixa les quatre points qui déterminèrent, dès lors, le quadrilatère idéal de notre domaine colonial : Tunisie, Tonkin, Congo, Madagascar. » C’est M. Hanotaux, qui, naguère, rendait à Jules Ferry cet hommage ; et ceux-là mêmes qui, peut-être à juste titre, souhaitaient pour les destinées de la France une autre orientation que l’orientation « coloniale, » ne sauraient pourtant dénier à Ferry un souci tenace et constant de la gloire du pays.

Ferry fit deux parts dans la tradition nationale : il voulut être le destructeur de l’une et l’héritier de l’autre. Beaucoup de Français ne veulent connaître que la première partie de son œuvre, et son nom, dans leur mémoire encore blessée, ramène l’image d’une série d’aventures et de mésaventures pédagogiques qui visaient à réformer l’âme française et qui procurèrent à Ferry,

  1. Voyez la Revue des 15 juillet et 15 octobre 1900, et du 1er mai 1901.