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les conférences et cours publics, les jardins botaniques, les revues et journaux horticoles. Un certain nombre d’horticulteurs et d’amateurs, les Vilmorin-Andrieux, Edouard André, Charles Baltet, le duc de Massa, etc., rendent ici de signalés services : les jardiniers de la duchesse de Luynes à Dampierre remuent chaque année plus de 600 000 pots de fleurs.

Vers l’an 1800, le marché aux fleurs se tenait, comme par le passé, les mercredis et les samedis de chaque semaine, sur l’emplacement du quai de la Mégisserie, aujourd’hui fort rehaussé, élargi et embelli par des plantations d’arbres. Le quai de la Mégisserie s’appelait aussi quai de la Ferraille ou de la Ferronnerie, parce que les marchands y vendaient leurs ferrailles, pêle-mêle avec les fleuristes ; primitivement il se nommait la Vallée de Misère, ou encore la Pouillerie, parce que l’on y avait établi le marché à la volaille. Le marché de la Mégisserie, particulièrement destiné aux fleurs en pot et en caisse, aux arbres fruitiers et aux arbrisseaux d’agrément, se tenait donc au milieu des vieilles ferrailles, des vieilles armes et des raccommodeurs de boucles ; le quai étant très passager, les charrettes, observe Pujoulx dans son Paris à la fin du XVIIIe siècle, « écrasent les pieds des passans, s’ils ne se jettent, au moindre embarras, au milieu des pots et ne renversent les caisses des fleuristes. Quel assemblage ! De vieilles pelles avec des roseaux fleuris, des sabres rouilles à côté d’un pot de narcisses, des piques pêle-mêle avec des giroflées et des violettes ! … » À la place des Innocents, se tenait le matin un petit marché de bouquets, et sur le Pont-Neuf, dans les demi-lunes qui s’élèvent au-dessus de chaque pile, étaient installées vingt boutiques de fleuristes, louées chacune 600 livres par an, en 1785. Cela suffisait aux besoins de la consommation parisienne : aujourd’hui ils ont peut-être centuplé. On ne saurait indiquer des chiffres tout à fait précis, pour déterminer l’importance du commerce des fleurs, mais les personnes compétentes estiment que le mouvement des affaires dépasse quatre-vingts millions de francs pour Paris et le département des Alpes-Maritimes. Lors de la mort du président Carnot, en juillet 1894, les commandes pour Paris seulement dépassèrent, assure-t-on, un million et demi de francs : la province et l’étranger en avaient fourni presque autant. Le grand marché des fleurs n’était plus aux halles, les fleuristes se rendaient plusieurs fois par jour chez les horticulteurs de la banlieue de