rétablissement du fameux paragraphe qui réservait le droit même aux jours des plus tristes faits. Vous placerez ainsi le gouvernement entre ses connivences russes et la honte de refuser ce que Louis-Philippe lui-même acceptait. Jamais l’opposition n’a eu un si beau champ. Ces gens-là feront tout pour étouffer la discussion ; mais nous comptons sur vous autres, pauci sed validi. » Nous ne proposâmes pas un amendement à cause de l’incertitude où nous étions sur l’état véritable des choses. Il fut entendu que Jules Favre poserait une interrogation ; un député gouvernemental de Paris, îuyard-Delalain, le devança : il flétrit les procédés du gouvernement russe et supplia l’Empereur de dire : « Plus de sang, plus de proscription, plus de confiscation ; la constitution d’Alexandre. »
Jules Favre interrogea d’abord avec une modération relative : « Alors que la primitive Eglise avait une influence que lui assurait la foi des populations, c’était à elle qu’appartenait le rôle glorieux de protéger les faibles et de lutter contre les forts. L’Eglise alliée à César a perdu le privilège de ce haut patronage et c’est à la France qu’il est échu. Ce génie de la France est représenté par les organes du gouvernement. Un mot prononcé par eux peut, sinon faire cesser, au moins singulièrement adoucir cette grande infortune. N’oubliez pas ceux qui tendent vers vous leurs bras ensanglantés ; vous êtes leur espérance ; je vous en supplie, ne les trompez pas de nouveau. »
Billault ne tergiversa pas : « La France n’a perdu aucune de ses vieilles sympathies pour la Pologne, mais elle pense, et le gouvernement pense avec elle, que l’autonomie de ce royaume aurait plus à attendre des sentimens généreux et libéraux de l’empereur de Russie, que d’une tentative insurrectionnelle dont les efforts ne feront qu’appeler de nouveaux désastres sur ce malheureux pays. » — Jules Favre : « C’est la contre-partie du mot fameux « l’ordre règne à Varsovie. » L’histoire jugera les paroles du ministre et ce qu’elles ont de fâcheux. » — Billault : « Ce qu’il y a de plus fâcheux, ce sont des excitations trompeuses à des sentimens de patriotisme dont les efforts impuissans ne peuvent amener que de nouveaux malheurs. (Assentiment.) Le gouvernement de l’Empereur est trop sensé pour donner par de vaines paroles un aliment trompeur à des passions insurrectionnelles et il est trop jaloux de sa dignité, de celle de la France, pour laisser répéter pendant quinze ans, dans une Adresse, des paroles