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Koltchanoff, en 1886, ont constaté sur des espaces considérables l’avortement des pontes de l’acridien du Danube par suite du développement de ces champignons. M. Metschnikof a même préconisé, à un moment, les cultures artificielles d’un champignon analogue, l’Isaria, pour combattre les invasions de sauterelles.

Enfin, l’homme, en détruisant les œufs ou les animaux jeunes, complète l’œuvre de préservation de la nature et contribue, pour une certaine part, à limiter l’extension indéfinie de l’espèce nuisible.


VI

De quelle nature est l’invasion qui sévit actuellement dans le Sud-Ouest de la France ? Quelle est l’origine de ces insectes ravageurs ?

C’est là une question difficile à résoudre, parce que l’acridien qui est en cause n’a pas de foyer permanent connu. Le criquet italien, en effet, le Caloptenus italicus existe, comme nous l’avons dit, à l’état endémique dans tout le Midi de l’Europe.

Sont-ce ces exemplaires isolés, ces hôtes habituellement rares, dont la fécondité aurait reçu une subite impulsion à la suite d’une série d’années sèches ? Au contraire, s’agit-il d’une invasion émanée d’un centre de ponte inconnu et permanent du caloptène italien ? C’est la question qu’aura à résoudre, à la suite d’une enquête attentive, l’habile entomologiste dont les agriculteurs et les naturalistes attendent la consultation. M. Künckel d’Herculais devra faire, ici, pour le criquet italien, ce qu’il a fait en Algérie pour le criquet marocain. Il devra faire connaître ses mœurs, ses habitudes, ses ennemis et ses parasites.

En attendant, et pour répondre au cri de détresse des populations éprouvées par le fléau, les professeurs départementaux d’agriculture, inspirés par M. Marchai, ont conseillé aux populations les moyens de défense qui ont réussi ailleurs, à Chypre et en Algérie. Ils recommandent au début la recherche des lieux de ponte, dans lesquels on peut détruire les œufs et les acridiens nouvellement éclos : le recours aux barrages polis et aux fosses d’enfouissement ; l’usage des appareils collecteurs, le filet à pêche de Corsi, ensuite, ou la nasse de Finot ; enfin, l’emploi des insecticides en pulvérisation sur les cultures. On connaîtra bientôt, tant au point de vue scientifique qu’au point de vue pratique, les résultats de cette campagne.


A. DASTRE.