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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/119

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VITERBE

Presque tous ceux qui ont visité Viterbe se posent la question suivante : « D’où vient l’oubli profond dans lequel est tombé une ville si digne d’attirer et de retenir l’attention ? » En réalité. Viterbe n’a jamais, à aucune époque, excité la curiosité des voyageurs, et cela pour plusieurs raisons. Il fut un temps, il est vrai, où la via Cassia était la principale route qui, du Nord de la péninsule, conduisait à Rome : diligences et chaises de poste s’arrêtaient donc à Viterbe, au moins pour y changer de chevaux. Mais, alors, personne ne se souciait des choses du moyen âge : on passait, on ne s’arrêtait pas. Plus tard, un revirement se produisit dans le goût public ; on s’éprit d’une belle passion pour les monumens antérieurs à la Renaissance ; mais il arriva que ce fut précisément au moment où, par suite de la construction du chemin de fer, la via Cassia fut abandonnée. Or, la voie ferrée passe par Orte et non par Viterbe. La vieille cité se trouva par suite vouée à un abandon irrémédiable. Ni ses murs huit fois séculaires, ni la forêt de tours qui surgit de son sol comme une végétation féodale, ni l’étrange quartier de San Pellegrino, ni les vieilles chroniques fourmillant de récits merveilleux n’eurent la vertu d’attirer la foule indifférente. Vainement on a relié depuis peu Viterbe à Rome par un chemin de fer direct. Ce qui lui manque, c’est, un de ces « clous » qui s’imposent à l’attention par une sorte de violence, comme la cathédrale d’Orvieto, le Cambio de Pérouse ou la Santa Casa de Lorette. Pour son malheur, Viterbe ne possède aucun « clou » de ce genre.

Et puis, pour tout confesser, Badeker ne s’occupe pas de