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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/645

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par la Maison Manche, est à cet égard très concluante. De 1792 à 1886, sur 246 « bills » rejetés par les Présidens américains, 25 seulement ont obtenu un nombre de voix suffisant pour les rendre exécutoires malgré le veto présidentiel. Treize d’entre eux avaient trait à des résolutions combattues par le président Johnson dont on n’a pas oublié la situation particulière vis-à-vis du Congrès. D’autre part, sur les 113 vetos dont les actes du Parlement fédéral ont été frappés par le président Cleveland pendant la session parlementaire de 1885-1886 on n’en compte qu’un seul qui ait été annulé par un vote ultérieur des deux Chambres. Le parti représenté à la Maison Manche disposait alors, il est vrai, de la majorité dans le Parlement, et l’influence présidentielle pouvait par suite s’y faire sentir efficacement sans grand effort. Par un de ces brusques reviremens que nous avons notés comme un exemple d’ailleurs assez rare de ces sautes de vent électorales qui peuvent mettre tout à coup les Chambres en opposition avec le Pouvoir exécutif, M. Cleveland s’est trouvé pendant les deux dernières années de sa seconde administration (1894-1896) vis-à-vis d’un Congrès où l’influence dominante avait passé des Démocrates aux Républicains. Nous n’avons pas sous les yeux la statistique relative à cette période, où le Parlement se trouva moins docile aux vues présidentielles, mais elle ne saurait modifier, d’une façon sensible, les règles de proportion qu’on peut établir d’après les chiffres donnés plus haut.


IV. — POUVOIRS MILITAIRES DU PRÉSIDENT

L’action personnelle du Président des Etats-Unis ne se fait pas sentir seulement dans le domaine des choses civiles. En vertu de la Constitution il est investi du commandement en chef des armées de terre et de mer. Ce n’est pas une simple formule. On sait jusqu’où est allé, au temps de Lincoln et du général Grant, l’usage de cette prérogative. La situation était, à vrai dire, exceptionnelle. Mais, même dans des conjonctures moins critiques, l’initiative présidentielle peut toujours trouver, en matière militaire, l’occasion de s’exercer d’une façon décisive, si elle est justifiée par les circonstances. En principe, le Congrès étant seul maître de faire la paix ou la guerre, une expédition ne saurait être engagée et des armées ne peuvent être levées qu’avec l’assentiment du Parlement. Mais, dans la pratique, la