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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/825

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dirais volontiers aussi idéale, de la définition est difficile à réaliser. On peut dire que les auteurs l’ont à peu près réalisée. Du moins j’ai trouvé toutes les définitions que j’ai examinées supérieures à celles qu’on avait données jusque-là, et, pour la plupart, si parfaites qu’il ne sera guère possible de les améliorer et que les lexicographes futurs les emprunteront nécessairement au Dictionnaire général.

Les auteurs ont eu une telle confiance dans le soin qu’ils apportaient à leurs définitions qu’ils n’ont pas craint de se dispenser de toute remarque sur la synonymie. « Du rapprochement de définitions exactes, disent-ils, doit sortir sans effort la distinction des termes synonymes. » Si l’on considère en effet beaucoup des articles consacrés à des mots considérés comme synonymes, on voit que le Dictionnaire général a rempli ce hardi programme. Il existe cependant dans toutes les langues des mots qui ont exactement le même sens, et qui ne doivent leur coexistence qu’à ce qu’ils sont de provenance diverse et s’emploient dans des conditions et des milieux différens. Il semble qu’il eût fallu consacrer à ces cas particuliers une remarque spéciale, car la définition de chacun d’eux ne peut suffire à les distinguer. Nous avons par exemple en français quatre mots pour désigner le point de l’horizon où le soleil disparaît, le premier de formation française, le second germanique, le troisième repris au latin, le quatrième emprunté au provençal : couchant, ouest, occident, ponant. La définition en est à peu près identique dans le dictionnaire et ne saurait ne pas l’être ; mais il aurait été intéressant de dire dans quelles conditions s’emploient ces quatre mots dont le sens ne présente pas de nuances. Airain est défini : « Métal dur et sonore, alliage de cuivre et d’étain, également désigné, surtout dans l’industrie, sous le nom de bronze ; » bronze : « Métal dur et sonore, de couleur foncée, formé d’un alliage de cuivre et d’étain. » Ici, il y a un commencement de distinction dans la remarque sur l’emploi de bronze « surtout dans l’industrie ; » mais cette remarque, à vrai dire, n’est pas à sa place dans une définition. D’ailleurs, n’eût-il pas fallu dire explicitement que le mot airain est aujourd’hui un mot purement littéraire, qui ne s’emploie jamais, dans la langue parlée, pour désigner le bronze ? En d’autres cas encore, de petites remarques sur la synonymie n’auraient été ni sans intérêt ni sans utilité. Si les auteurs s’en sont complètement abstenus,