avaient trouvé le moyen de faire aussi la part de l’utilité publique. Ces statues ne se dressaient point, comme celles de nos villes modernes, sur des bases élevées qui les isolent et les protègent contre le contact de la foule ; elles frayaient, pour ainsi dire, familièrement avec le public. Les bases qui les supportaient étaient très souvent garnies de bancs rectangulaires ou circulaires dont l’ampleur et la commodité invitaient les promeneurs au repos. Sur ces larges bancs de marbre, les oisifs pouvaient deviser à l’aise ; les pauvres gens pouvaient y faire leur sieste aux pieds de l’effigie coulée en bronze d’un Apollonios ou d’un Apollodore, opulent banquier dont les générosités avaient été récompensées par la dédicace d’une statue. Quelquefois même les faibles dimensions de la base mettaient la statue presque au niveau des piétons. M. Schrader a retrouvé le soubassement d’une statue équestre qui mesure à peine 50 centimètres de hauteur. Les passans coudoyaient donc, sur la place bordée de somptueux portiques, les figures de bronze ou de marbre qui conservaient les traits de leurs concitoyens illustres. Si quelque jour un réformateur se préoccupait de concilier l’égalité démocratique avec le luxe croissant des statues commémoratives ou honorifiques, la solution du problème serait toute trouvée : elle a été inventée à Priène au IIIe siècle avant notre ère.
Le théâtre, situé non loin de l’agora, n’est séparé du Bouleutérion que par la largeur d’un îlot de maisons. Adossé aux pentes rocheuses qui descendent de l’Acropole, il s’ouvre sur une rue assez large, parallèle à la grande voie qui nous a conduits à l’agora, et aboutissant à la porte orientale de la ville. Parmi les théâtres grecs découverts dans ces dernières années, il n’en est point qui puissent rivaliser avec celui de Priène pour le bon état de conservation. Nous ne nous attarderons pas à décrire en détail tous les élémens qui le constituent, et qui se retrouvent dans les édifices du même genre : les gradins en hémicycle, avec leurs escaliers de dégagement ; l’orchestre, esplanade circulaire où évoluait le chœur ; la skéné, c’est-à-dire la construction qui faisait face au public, et renfermait les chambres où s’habillaient les acteurs, les magasins d’accessoires, et ce qu’on pourrait appeler les coulisses ; enfin le proscénion, à savoir le devant