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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 6.djvu/586

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se trouve en danger de dégénérer, comme nous l’avons vu au temps du romantisme et du naturalisme, en un galimatias dont quelques initiés gardent seuls l’intelligence, on ne le sauvera de lui-même qu’en le ramenant au naturel de l’« usage parlé. » L’écriture, quelque sens que l’on donne au mot, ne sera toujours qu’une imitation de la parole. Mais, après tout, si j’ai voulu parler de Vaugelas et de ses Remarques, il s’agissait bien moins d’en tirer des leçons que d’esquisser un chapitre de l’histoire de notre langue. Le nom de Vaugelas demeure un nom considérable, et son livre un livre « essentiel. » J’en ai voulu montrer les raisons et qu’elles étaient inséparables tant de la définition que de la formation du style classique. C’est le fondement indestructible de sa réputation. On parle, et avec raison, de l’influence de Malherbe, et de celle de Balzac : l’influence de Vaugelas n’a pas été moins active, et, comme écrivains, ni Pascal, ni Bossuet, ni Molière, ni Racine ne seraient sans lui tout ce qu’ils sont. Et, pour ce seul motif, quand on ne lirait plus ses Remarques, — et j’ai déjà dit qu’on ne les lisait guère, — il faudra toujours lui faire sa place dans l’histoire littéraire de notre XVIIe siècle, et quand je dis toujours, je veux dire aussi longtemps que le XVIIe siècle lui-même continuera d’être le centre de notre histoire littéraire.


FERDINAND BRUNETIERE.