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en mouvement, tourne et progresse, dès que l’on établit la communication électrique, comme si les palettes recevaient le choc, — le bombardement, selon l’expression de Crookes, — de particules matérielles issues de l’électrode négative. En renversant le sens des décharges on renverse aussi le sens de la rotation. L’explication balistique fait si bien image, qu’elle s’insinue tout naturellement dans l’esprit et fait naître la foi aux projectiles cathodiques. Cependant, à la réflexion, l’argument n’est nullement décisif. Tout le monde a vu, aux devantures des opticiens, le petit instrument que l’on appelle le radiomètre, dont l’invention, précisément, appartient encore à Crookes. Il est formé d’une sorte de moulinet à ailettes, très léger, enfermé dans une ampoule de verre où le vide a été fait. Il entre en mouvement à la façon de la roue à palettes de l’expérience précédente, mais, sous l’action des rayons lumineux, c’est-à-dire des vibrations de l’éther, sans que l’on puisse invoquer, cette fois, un bombardement de projectiles matériels.

Une seconde propriété, inattendue et singulièrement remarquable des rayons cathodiques, est d’être attirables par l’aimant. En rendant le faisceau visible, à la faveur d’un écran phosphorescent introduit dans l’ampoule, on le voit s’infléchir si l’on approche un aimant ; on peut l’attirer et le repousser à volonté en faisant varier la position de l’agent magnétique. La grandeur de la déviation dépend de la force de l’aimant d’une part, et d’autre part de la vitesse du faisceau cathodique, vitesse que l’on peut influencer en faisant varier la pression du résidu gazeux qui emplit l’ampoule. En imprimant un mouvement convenable à l’aimant on conçoit que l’on puisse réussir à enrouler le faisceau en spirale. Cette obéissance à l’action directrice de l’aimant, va jusqu’à permettre de le ramener et de le fermer en cercle sur lui-même. Dans cette expérience, le rayon cathodique se comporte comme un courant électrique dont le pôle négatif serait à la cathode, et qui courrait le long d’une ligne métallique. La déviation magnétique est facilement explicable dans la théorie de l’émission : le rayon serait constitué par une file de particules matérielles électrisées qui se suivent d’un mouvement rapide en charriant une charge électrique. Ce transport d’électricité par transport de matière est ce que l’on nomme un courant par convection. Rowlahd, Röntgen et d’autres physiciens ont montré que les courans de ce genre sont assimilables