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leurs avaries. Après le bassin à flot, un arrière-bassin communique avec les larges fossés de la ville qui séparent Calais-Nord de son grand faubourg de Saint-Pierre, contournent l’ancienne citadelle, sont aménagés pour recevoir les chalands et les bélandres des canaux du Nord et constituent le grand port de navigation intérieure. A l’Ouest enfin, et communiquant aussi directement avec le chenal d’entrée, sont les anciens bassins comprenant un port d’échouage et un bassin à flot, d’une superficie totale de près de 6 hectares, bordés comme les bassins modernes de quais garnis de voies ferrées et présentant un développement de près de 2 kilomètres.

Le port de Calais peut donc être considéré comme un des mieux outillés de notre littoral du Nord. Son tonnage, en progrès marqué pendant quelques années, paraît aujourd’hui stationnaire. Le mouvement de la navigation, entrées et sorties, est de plus d’un million de tonneaux ; mais un très grand nombre de steamers transitent surtout des voyageurs, et le tonnage effectif des marchandises importées ou exportées ne dépasse guère 300 000 tonnes, un quart au plus malheureusement à l’exportation. Beaucoup de navires sortent sur lest. A l’importation, des bois de construction de Norvège, de Suède, d’Allemagne et de Russie, des fontes d’Ecosse et même des charbons anglais qui réussissent, — nous ne saurions le dire sans peine, — à concurrencer nos houilles du Nord pourtant si voisines. Les aménagemens du port sont d’ailleurs parfaits, et on a prévu tous les besoins du plus large avenir ; mais le mouvement ne paraît pas beaucoup progresser, et il est probable qu’il n’atteindra jamais celui de Dunkerque. Le grand trafic de Calais est et sera toujours celui des voyageurs et des courriers.


IV

Gravelines n’est plus aujourd’hui sur la mer. Pendant les quatre premiers siècles de notre ère, c’était un modeste havre de pêcheurs dont le nom est resté inconnu et qui occupait probablement l’emplacement du petit faubourg des Huttes situé à 500 mètres environ à l’Est de la ville actuelle. Un moine errant du nom de Willebrode vint y piocher la religion du Christ à peu près en même temps que saint Eloi évangélisait un peu plus loin dans les dunes de Dunkerque. Au commencement du