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de prendre pension chez un procureur pour y continuer ses études de droit.

Ici se trouve une lacune dans la correspondance qui ne reprend que le 10 mai 1788. M. d’Arjuzon fils, étant parti faire un voyage d’agrément en Angleterre, Jean d’Etchegoyen alla habiter avec le père, rue d’Aguesseau, dans l’hôtel que M. d’Arjuzon avait acheté au marquis de Lafayette[1], le 3 juillet 1786, « le mieux situé de tout Paris, dit Jean. On m’y a fait arranger un appartement charmant, très commode, pourvu de tous les agrémens et avantages que l’on peut avoir dans ces belles maisons. »

Suivent les nouvelles politiques : « Le roy a cassé tous les parlemens, celui d’ici est investi comme une ville de guerre pour que personne n’y pénètre.


« Le 30 mai. — Le Parlement n’est pas rentré :... on crie beaucoup, je ne sais ce que cela deviendra !


« Le 21 juin. — La noblesse de Bretagne s’est révoltée à cause des réformes que l’on veut introduire dans le Parlement ; de même à Grenoble.


« Le 19 juillet. — On a fait mettre à la Bastille les députés de Bretagne, pour avoir tenu une assemblée chez eux. On dit, en outre, qu’il y a quatre ducs et pairs qui sont exilés avec ordre de se démettre de leurs charges.

« On a cassé en Bretagne un régiment qui avait délibéré et pris la résolution de n’exécuter aucun ordre.

« Les ambassadeurs du roy Tippoo-Saïb[2] sont arrivés à Paris avant-hier. »

Jean, qui avait pris régulièrement ses inscriptions de droit, se préparait à passer sa licence, ce qui l’obligeait à subir un examen sur les Décrétales et à soutenir une thèse sur les Livres du Digeste. Après quoi, lorsqu’il aurait pris sa douzième inscription, il allait avoir encore à passer un examen en forme de thèse sur

  1. Hôtel connu sous le nom d’» hôtel de la Marck », au coin de la rue d’Aguesseau et de la rue de Suresnes.
  2. Dernier nabab de Mysore, il monta, en 1782, sur le trône, fit aussitôt la guerre aux Anglais et les força à signer une paix à son avantage en 1784. Il envoya des ambassadeurs chargés de prescris à la cour de Louis XVI.